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images qui bougent
8 novembre 2007

Mirror Mask

Mirror_Mask_1_a

(2005).Produit par The Jim Henson Company.
Réal: Dave McKean
Scénario : Neil Gaiman
Avec : Stéphanie Léonidas,Gina McKee,Jason Barry,...

Ainsi en hommage à l'auteur qui a généré le titre de ce blog, celui-ci s'ouvre avec la première grande réalisation cinématographique de Dave Mc Kean,'Mirror Mask '.
Bien que primé à de très nombreux festivals, le film aurait souffert d'un problême de distribution en Europe que l'on pourrait presque qualifier de protectorat artistique, car la qualité de l'oeuvre pourrait bien balayer nombre des production d' animation du panorama contemporain,et cela les grandes industries ne le souhaitent pas. Je reviendrais sur ce point.
Pour ceux qui connaissent le travail des deux auteurs, le film était en tout cas très attendu,l'occasion de voir enfin en mouvement ce que laissaient imaginer les compositions de Mc Kean dans le cadre du comic-book.

La présentation des deux artistes méritaient un article entier, disons que si le comic-book a été embrasé dans les anées 80 par la collaboration entre Alan Moore et Bill Sienkiewickz,Neil Gaiman et Dave McKean furent leurs dignes héritiers en ce qui concerne les années 90, perpétuant cette incarnation de la fusion idéale entre littérature et peinture au service de la bande-dessinée,qui ne pouvait plus dès lors être cantonnée au registre du simple divertissement, mais affirmée et revendiquée comme médium à part entière, c'est à dire lieu d'expression et d'engagement, à tel point que les deux artistes furent qualifiés de terroristes tant ils mêlaient l'inventivité à l'audace, voir à ce propos le très méconnu 'Brought to light' , inspiré d'un rapport sur les agissements de la CIA publié dans les années 80. Le parallèle, la notion d'héritiers, de transmission de flambeau n'est ni fortuite ni gratuite, car Neil Gaiman, alors journaliste chez 'Rolling Stones' est en quelque sorte un 'disciple' de Moore, et Mc Kean a suivi l'enseignement du même professeur que Sienkiewickz ( ainsi que de Kent Williams, Jon .J. Muth,d'autres artistes piliers comme lui de l'illustration et du comic-book anglais ) à savoir Baron Storey. La collaboration entre les deux artistes artistes Gaiman et Mc Kean commence en trombe avec 'Violent Cases' ,initiant une trilogie poursuivie avec 'Signal to noise' et conclue avec 'Mr Punch' ( dans lequel on trouve déjà le terreau nourricier de 'Mirror Mask' ), entrecoupées de travaux pour DC Comics (Superman, Batman ) avec le revival d'un personnage secondaire de l'univers DC, 'Black Orchid' ( comme l'avait fait Moore avant lui avec 'Swamp Thing ') qui sera acclamé par la critique; Neil Gaiman asseoira définitivement sa réputation en créant et scénarisant 'The Sandman' devenu presque immédiatement culte et entamera une prolifique carrière d'écrivain, tandis que Mc Kean s'imposera en illustrant une histoire de Batman ,'Arkham Asylum' ( -culte lui aussi-, cette fois-ci sur un scénario de Grant Morrison, autre enfant terrible du comic-book anglais), puis en tant qu'auteur avec 'Cages' ( la plupart des titres cités sont pratiquement tous traduits en français ).
Ce tryptique reste une véritable boussole des moments à chaques fois charnières de l'évolution graphique de Dave Mc Kean,qui permettront l'affirmation d'un style unique et total dans 'Cages', puisant ses influences autant dans la photographie (J.P Witkin) que dans l'animation ( le travail des Frères Quay, il y a dans 'Mirror Mask' un clin d'oeil aux ballets de 'Street of Crocodiles' ) ou le cinema ( Peter Greenaway, lui-même peintre également, approche que partage également Gaiman ) le théâtre ( la très nette influence du 'Bread and Puppets Theatre' dans le traitement et l'emploi du masque ) et aussi chez certains auteurs de la bande-dessinée européenne comme Munoz et Mattoti .

Violentcasessignal_to_noisemr_punch

Couronnés de récompenses ensemble ou séparément, on pourrait déjà dire que les deux artistes sont dores et déjà des classiques, avec le risque de les enterrer pour le cas un peu trop prématurément, c'est un tort, car les artistes commencent tout juste à partager ce que leurs précédents travaux ne faisaient que -brillamment - esquisser. Les auteurs prendront de toutes façons d'instinct une certaine distance avec leur notoriété tout à coup incontournable, Gaiman en interrompant de lui-même 'The Sandman' considérant avoir 'raconté l'histoire qu'il voulait raconter' au bout de 75 numéros, en pleine heure de gloire, laissant néanmoins l'univers et les personnages qu'il a créé à disposition, ce qui donnera naissance à une autre série ,'The Dreaming' dont, comme pour 'The Sandman', Mc Kean effectuera des couvertures sublimes combinant, comme nous l'avons dit , sculpture, photographie, peinture et retouches numériques, et qui là encore laissent entrevoir ce que Mc Kean ferait s'il faisait un film , il ne manquera pas d'ailleurs de s'essayer à l'animation, produisant quelques courts-metrages aussitôt innondés de récompenses que l'on peut tout recemment retrouver réunis dans un dvd intitulé 'KeanOshow '.

Les deux compères se retrouveront ensuite plus épisodiquement et produiront deux livres d'illustrations pour enfants ( 'Le jour ou j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges ' et 'Les loups dans les murs' ) qui sont en filigranne l'amorce et l'optique du projet qui est devenu le film 'Mirror Mask', dont nous allons parler maintenant , qui raconte le voyage d'Héléna, une adolescente de quinze ans un peu instable qui n'arrive pas à assumer ou à faire face à l'adversité qui l'entoure, et tout particulièrement la maladie qui menace d' emporter sa mère. C' est à l'intérieur de ses rêves qu'elle va trouver la force, ou encore ses propres remèdes, les réponses dont elle a besoin pour continuer à vivre, par le biais d'une odyssée dans un monde imaginaire, The Dark Lands, qu' une méchante reine chaotique menace de tout dévaster pour le remodeler à son image . Accompagnée par le mystérieux mais gentil Valentin, elle doit retrouver le Mirror Mask, la seule arme qui puisse vaincre la sorcière.
On trouve ici les thèmes de chacun des auteurs ré-amalgamés,Neil Gaiman qui depuis 'Violent cases' ne cesse de puiser dans l'enfance les réponses qui échappent à l'adulte moderne perdu dans un monde qu'il ne comprend pas , sur le mode de la fantasy
parfois ( 'Neverwhwere' , ' Stardust' , tout deux plus proches de l' univers tolkénien ) ou comme ici sur celui du conte de fée , apparemment plus conventionnel auquel il laisse à Mc Kean le soin d'en charger la mythologie. Comme Héléna , le spectateur se retrouve confronté à un monde duquel il doit comprendre les mécanismes, face à des entités empêtrés dans leurs propres paradoxes, une thématique chère à Gaiman depuis 'The Sandman' : ' parfois il faut changer, ou bien alors mourir.'

MirrorMask_2

Sans trop en dire, ne vous privez pas d'aller sur le site officiel du film , comme d'aller sur le site personnel des deux auteurs découvrir leurs univers, et vous saurez un peu plus à quoi vous aurez à faire si vous vous décidez à visionner 'Mirror Mask', que l'on peut aussi encore se procurer par dvd, à moins de militer comme moi auprès de votre cinéma le plus proche, pour qu'il soit à un peu mieux diffusé en salles. J'espère que la présentation de l'auteur n'aura pas été par trop pesante, expliquant de quoi l'auteur s'inspire et se revendique,notamment l'influence du 'Bread and Puppet Theatre ' qui lui semble avoir été déjà rayé de l'Histoire, il ne faut pas être surpris quand au manque de diffusion ou de publicité, les Frères Quay et même Peter Greenaway semblent se heurter aux mêmes difficultés quand à trouver producteurs et distributeurs, une espèce d'embargo un peu implicite, alors qu'ils sont chacun unanimement reconnus par la critique depuis des années.Tout cela pour entrer dans une discussion depuis longtemps rabattue, comme quoi leurs oeuvres ne s'inscrivent pas dans l'optique du divertissement comme nous la considérons actuellement, alors qu'ils proposent en réalité une ouverture que justement les grands investisseurs ne souhaitent pas, ayant dores et déjà leurs plannifications d'effectuées sur les prochaines décennies à venir, dans le sens qui est le leur.

mirror_mask_wallpaper_3

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