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images qui bougent
4 décembre 2007

El Topo

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Film culte d' Alejandro Jodorowsky avant qu'il ne devienne le scénariste de b.d incontournable que l'on sait;pratiquement réalisé sans financement mais bien grâce à la hargne persévérante de son auteur et aussi la bonne volonté de tous ceux qui ont bien voulu l'aider et s'investir dans cette odyssée ( donnant lieu à des conditions de tournages presqu'aussi infernales que certains films de Terry Gilliam ou encore le fameux 'Apocalypse now ' de Francis Coppola ) mais faisant aussi la force et la véracité de celui-ci. Ce qui a sans doute endurci son réalisateur à jamais quand on pense à la somme de difficultés auquel il a dû être confronté ,et qui le pose sans conteste comme auteur tous- terrains, à transformer tout obstacle,toute contrainte en qualité : une fois le film terminé personne ne voulait le distribuer à part un cinéma de quartier parisien qui voulut bien lui accorder une chance...en dernière partie de soirée,l'improbable se produit pourtant et le film acquit sa légende par le bouche à oreille -un peu comme le 'Eraserhead ' de David Lynch plus tard - et relança de surcroît l'engouement pour les séances de minuit - 'El Topo' est un film véritablement unique,un western métaphysique et surréaliste comme on en avait jamais vu, tant Jodorowsky l'a imbibé de tout son bagage artistique et spirituel.

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L'auteur a toujours puisé ses sources dans les arts de la rue et son propre cheminement personnel l'a également fait s'orienter vers une connaissances parfaite des arcanes du tarot puis vers le shamanisme,dans une application toute particulière qu'il nomme 'psycho-shamanisme' ,à savoir une science des mécanismes même du changement et des métamorphoses du corps et de l'esprit -que l'on a tendance à trop séparer d'ou justement certains problemes-, afin de conduire tout un chacun au plein accomplissement et à la pleine réalisation de soi ;Dali utilisait bien la méthode de la paranoia critique pour peindre et David Lynch ne se cache pas de l'emploi qu'il fait de la méditation transcendentale dans son processus créatif.Jodorowsky n'ignore pas la fonction catharcique de tout spectacle et chacun de ses récits au cinéma ou en b.d ont une forte portée initiatique ,préfigurant les écrits de Carlos Castaneda -réference qui vient souvent à l'esprit en premier en ce qui concerne les récits d'initiation, afin d'aider tout un chacun à transcender ses propres travers ,à évoluer .C'est ce qui fait d' El Topo un film si unique tellement son auteur s'éloigne des schémas habituels à la fois dans la narration et dans les archétypes des personnages -dans un documentaire sur Moebius,d'ailleurs, diffusé sur Arte ou Jodorowsky fait quelques courtes interventions ,on peut se rendre compte à quel point il éxecre les comic-books américains et la façon dont les 'héros' souffrent ( ce qui est de nos jours un cliché largement dépassé, en partie grâce à l'influence du travail de Jodorowsky mais pas seulement,pensons à Frank Miller et Alan Moore ) et à quel point il en différencie son propre travail -; ayant fait l'expérience d'un systême totalitaire depuis l'enfance,Jodorowsky retranscrit souvent cette violence dans ses récits, ' La caste des méta-barons' notamment,les epreuves que nous imposent la vie sont des rites de transition ,il faut parfois se purifier soi au lieu de ses sur-équiper inconsidérément,elles peuvent être cruelles et on est pas censés en sortir forcément indemnes .

Comme vecteur de changement,Jodorowsky accorde une place prépondérante au rituel.Nous sommes tous constitués de rituels,qui nous échappent à nous-mêmes la plupart du temps parce que c'est ce que nous remettons le moins en question ainsi insiste-t-il sur la notion d'actes fondateurs,car ils nous préparent à ceux que vont nous imposer les circonstances qui eux ne seront pas forcément choisis ni consentis,ainsi le film s'ouvre-t-il sur le héros et son jeune fils à qui il fait enterrer dans le désert ses jouets d'enfant -vestiges également du souvenir de sa mère disparue -avant d'aller plus avant.Et en effet le héros -interprété par le réalisateur lui-même,suite au désistement de son acteur principal - libère un monastère opprimé par une bande de pistorellos,avec à leur tête un général fantasque et napoléonien ,ce qui aurait pu constituer un film à lui tout seul car c'était plutôt la mode de l'époque,et contre toute attente s'enfuit avec une belle jeune femme retenue en otage laissant son jeune fils aux soins des moines...Le héros se révèle un anti-héros qui,à l'image de l'homme ,ne tire pas tout à fais les bonnes leçons de ses actes,ou même,fait tout simplement de mauvais choix :omnubilé par son nouvel amour qui lui met en tête de défier les quatre meilleurs pistorelos du monde afin que plus personne ne prétende rivaliser avec lui,il se retrouve confrontés à des sages-guerriers,aspects d'une spiritualité avec laquelle il est en train de s'éloigner de plus en plus ; seulement je ne tiens vraiment pas à vous enlever tout plaisir de découverte sous pretexte de révéler d'autres aspects du film, j'interromps donc ici cette chronique,la bonne nouvelle étant que le film n'est plus aussi introuvable comme ça été le cas pendant de longues années,'Santa Sangre' et 'La montagne sacrée' ont également étés ré-édités.

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