trois opus

'No country for the old men' des frères Coen Une réussite tout aussi absolue depuis 'Blood simple' et 'Fargo', un univers tout simplement incroyable, une trame réaliste sans espoir d'ou les personnages émergent et se dessinent progressivement. C'est toujours plus difficile pour ceux qui restent. 'Juno' de Jason Reitman Un sentiment inexplicable, longtemps après avoir assisté à la séance de ce film plein de poms-poms en short, je n'arrivais pas à redescendre sur terre. 'Sweeney Todd' de Tim Burton. Un futur classique qui va je pense prendre davantage en ampleur avec les années. Vivement 'Mars Attack 2'.

Comments

[sigismund]

merci pour ta brillante critique-express pour 'No country...' ceci dit,pour ma part c'est le même genre de maestria que j'ai perçue dans 'Zodiac', 'Black Daliah' et 'Eastern promises' :
l'intégrité.

[sigismund]

Pour ce qui est des problêmes de distribution, de protectionnisme non avoué quand ce n'est pas l'endormissement des masses, j'ai pour ma part été toujours coonfronté à ça, natif d'une petite province dont je n'ai pas honte, il m'a fallu bouger pour voir ces films qui me faisaient fantasmer ('Eraserhead') et j'aurais tendance à prôner l'initiative ; les 3/4 des films dont je parle ont étés vus dans des festivals, dans des petits cinés indépendants ou dans les cinémathèques, ou très tard à la télé.
Je n'ai pas été voir les Ch'tis mais si j'avais les moyens je l'aurais fait, idem pour 'Astérix', pour moi il y a du bon à prendre dans tout , de voir comment certains films sont ciblés, ce qu'ils disent ou ne disent pas m'aide beaucoup (je fais des films aussi ) et donc c'est qqchose avec lequel il faut compter.
Offrir des alternatives, c'est tout ce qu'on peut faire.
En même temps, c'est difficile de ne pas serrer les poings,
certains trouvent qu'il y a egalement trop d eloisir, qu'à force
de trop d'accessibilité à la culture , l'art a déperri et s'est vulgarisé,sans voir le miroir que nous tend celui-ci.
J'ai ainsi un article en gestation sur le film en visionnage libre 'Zeitgeist' et c'est un véritable brulôt, tu vois ça tu n'as plus rien envie d'avoir à faire avec l'argent et le monde qui va avec, rajoute les évenements au Tibet et Sarkozy et Carla Bruni;
bref. L'art doit nous aider à vivre,c'est un appel à la conscientisation, cela permet aussi de se situer quand à ce que nous faisons de notre existence, c'est un outil qui permet de faire évoluer les mentalités, mais peut-être cela ne suffit-il plus, le plus subversif risque d'être censuré ou récupéré, ce qui veut dire quoi au final ? On se retrouve avec des conseillers municipaux que la délinquance arrange bien pour pouvoir serrer plus tard la vis, pouvant ainsi coller des couvre-feux en veux-tu en voilà et déambuler dans les rues, bien contents d'être obéis et pouvant vaquer à leur biz ?
C'est la Boétie qui écrivait dans 'La servitude volontaire ' que le propre du tyran n'est pas seulement de règner, mais aussi de faire oublier le sentiment jusqu'au besoin de révolte et de liberté.
Ainsi nous sommes bel et bien dans le meilleur des mondes et ceux qui souffrent ont ce qu'ils méritent ?
Inversément ceux qui laissent faire, c'est parce que ça les arrange ?

[sigismund]

Quand je dis 'Vivement Mars Attack 2 ' , je le pense vraiment : une préquelle qui se déroulerait dans les années 50 , à moitié hommage à une série comme 'Les envahisseurs' , et aussi un peu parodie de la 'Secret Invasion ' en ce moment chez Marvel.

[patchworkman]

Oui, c'est vraiment pas un pays pour les cinéphiles, la province que j'habite (c'est d'ailleurs la seule chose que j'ai à lui reprocher!). Trois séances sur toute la semaine, et à des horaires impossibles pour la France laborieuse, programmations notées en tout petit sur les flyers hebdo édités par les cinémas: voilà à quoi ont eu droit "No Country For Old Men" et "Sweeney Todd" de par chez moi. Voir autre chose qu'une franchouillardise ou un blockbuster ricain tout pourri (plus d'un mois d'affiche pour "Bienvenue chez les Ch'tis", "Je suis une Légende" ou l'esbrouffe "Cloverfield", si c'est pas de la propagande narcoleptique...) relève carrément du subliminal! Tu te rends compte qu'il a fallu que je me délocalise dans les Landes pour parvenir à voir "L'Orphelinat" et "The Mist" (que je te recommande chaudement), carrément passés sous silence chez moi!!!

Enfin, ayant la chance (ou la malchance) de pratiquer les trois/huit, j'ai pu me libérer un Mardi entre 15 et 17 pour voir "No Country For Old Men" dans une salle où il y avait moins de dix personnes. Je me suis pris une méga-claque dans la gueule. Encore un polar culte (après "Sang pour Sang" et "Fargo" que tu cites fort pertinemment) pour les Coen Bros. Gros coup de pied dans les couilles du tout-Hollywood avec un Javier Bardem impérial qui renvoie Hannibal Lecter dans le bac à sable, un Tommy Lee Jones magnifique de misérabilisme lumineux (oui, j'ai pas trouvé mieux, en matière de paradoxe!) et dont le masochisme cinématographique en fait quelque chose comme le digne successeur de Clint Eastwood, un script from outta-space et tout en sinuosité qui met la même détermination à éviter les clichés que d'autres à s'y précipiter, et un regard porté sur l'Amérique profonde à rendre jaloux Wim Wenders himself! Si on m'en avait laissé l'occasion, je l'aurais revu au moins cinq fois! Les Coen Bros sont incontestablement les maîtres d'un genre qu'ils ont eux-mêmes inventé: le polar redneck!

Quant à "Sweeney Todd", je l'ai malencontreusement loupé: le temps que je rende compte qu'il était diffusé, il ne l'était déjà plus! En tant qu'inconditionnel de Tim Burton, j'enrage - j'avais adoré "Big Fish", que tout le monde a traîné dans la boue... Qu'ils aillent donc se taper les Ch'tis, tiens, ça leur remettra les idées en place - quoique, des fois je me demande...

Oui, il est très colère, le Patch, en ce moment...