Le tambour-Un amour de Swann

Deux films de Volker Schlondorff, tous deux des adaptations littéraires.Le premier, 'Le tambour' d'après le roman de Gunter Grass, raconte l'histoire d'un jeune garçon de trois ans écoeuré par le monde des adultes, qui refuse du jour au lendemain de grandir.

Une revisitation du mythe de Peter Pan ayant pour cadre  la montée du nazisme en Allemagne.Lui ne se dépareille jamais de son tambour ce qui est très bien pour attirer l'attention, et a découvert qui plus est que sa voix enfantine pouvait faire des miracles, comme de briser des objets à distance.

La thématique s'installe ainsi depuis le regard du personnage sur le monde adulte, avec bon nombre d'allégories sexuelles très brutes, et quelques incursions stylistiques un peu oniriques -le personnage dans le ventre de la mère- avant de se focaliser sur le contraste entre l'âge apparent du héros, et ses actions plus matures;  du passage à l'âge adulte donc,du personnage qui conserve un regard d'enfant sur le monde, suivant les différentes aventures sentimentales qu'il aura au cours de cette période troublée par la guerre - métaphore ici peut-être également de la cruauté de l'enfance et de son determinisme dans la constitution d'une personnalité-peut-être je m'égare.

La phrase de Victor Hugo 'Ce siècle aura duré deux ans' résume assez la tonalité du film, engoncé dans son corps d'enfant, le héros survivra à la montée et à la déchéance du nazisme, non sans avoir perdu sa mère ainsi que son père présumé, son oncle Jan, qui resteront les seuls modèles de ce qu'est véritablement l'amour ,au milieu du carnaval insensé qui se présente à lui.

Emile Ajar utilise d'ailleurs un ressort narratif similaire dans son roman 'La vie devant soi' avec l'entourage du personnage qui eux, lui mentent sur son âge réel, lui-même se percevant non sans humour, un peu adulte pour un si petit garçon.L'âge qu'on a c'est dans la tête, ce qu'illustre remarquablement le livre, ce qui n'empêche pas d'avoir un rôle à jouer.

Le second 'Un amour de Swann' adapté de Marcel Proust, un fragment, qui d'ailleurs a mis longtemps à être officialisé dans l'intégrale des tomes qui constituent 'La recherche du temps perdu'; comme le titre ne l'indique pas ce n'est pas ce cher Swann qui est adorable, c'est quelquechose qui lui arrive, 'Une aventure de Swann' ou le personnage nous est montré en marge du rôle qu'il avait dans 'La recherche...'.

'Un amour...' possède une facture sobre, presque télévisuelle, et aussi quelques aspects fort proche d'un film comme 'Ludwig ou le crépuscule des dieux' de Visconti, la même lenteur par le même intérêt porté à ses personnages,et aux étapes de cette ' éducation sentimentale' ,néanmoins la tragédie de Swann est toute autre. Alain Delon joue également un personnage secondaire décisif, et on glâne une apparence de feu Roland Topor.