Retour de LUFF ( 3 )

Egalement au programme, une rétrospective du travail de Kiyutaka Tsurisaki intitulée très à propos 'Cinéma post-mortem'. Le photographe semble obsédé par la mort, et déterminé à en montrer tous les aspects, ce qui le différencie d'un autre photographe, Andres Serrano,dont la thématique est assez proche, qui avait bousculé le monde de l'art contemporain des années 90 avec ses photographies mortuaires ( 'The Morgue' ), car Tsurisaki ne cherche pas du tout à esthétiser.

J'ai malheureusement raté 'Orozco el ambassador', film sur le quotidien au jour le jour d'un embaumeur, mais cela est révélateur du regard de Tsurisaki sur son sujet.Il semblerait que pour lui la mort soit par trop galvaudée, dé-sacralisée un peu comme dans 'Soleil vert', aussi s'attarde-t-il sur ce que l'on a tendance à vouloir trop vite oublier, la nature périssable de l'être humain, terriblement organique. Son personnage est parfois le dernier à offrir les derniers sacrements à des individus que plus personne ne réclame, comme ce que l'on appellait dans la tragédie grecque ou dans les westerns 'offrir une sépulture décente'. En ce qui concerne 'Junk films' que j'ai pu visionner, il s'agit du fruit des voyages du photographe de par le monde,toujours sur le même sujet. Si vous avez vu 'Crash' de David Cronenberg, ou lu le livre de J-G Ballard, ce qui vous saute à la face en premier lieu c'est qu'on a vraiment l'impression de voir ce que Vaughan, un des personnages, ferait quand il traque sur la fréquence de la police un nouvel accident de la route ( on pense également au photographe des années 50, Weegee -voir à ce sujet l'excellent film avec Joe Pesci, 'L'oeil public' ) toujours à cette nuance prêt que Tsurisaki livre le fait à l'état brut, au plus proche des circonstances, il ne compose rien -il n'y a que son approche qui transparaît-; il s'astreint au contraire à cerner tous les aspects du phénomène qu'il observe. C'est peut-être pas beau à voir,mais en quelque sorte...nécessaire.