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images qui bougent
25 mars 2009

L'amour au temps de la science-fiction

cloverfield

Bon, je me retiens de rire un instant, et j'avoue que la bande-annonce en son temps m'avait fait son effet, seulement voilà les auteurs n'ont pas pu s'empêcher de vouloir faire les malins: en début de film les lettres s'inscrivent sous nos yeux tchik tchik tchik ' dossier gna gna nous avons trouvé le document ci-joint en ce lieu qui fût Central Park...' Avouez que l'effet aurait été dix fois plus grandiose : alors voilà on est à la soirée de Rob qui va bientôt partir pour le Japon, y a plein de monde , ycompris la petite Marlène -moi aussi je l'ai repérée -, et soudain c'est le drame, tout bascule, le gros (...pardon ) qui tient la caméra m'annonce qu'en fait Robbie a couché avec machine mais faut pas le dire, et ok woaw mais y a plus de bières surtout et alors là re-soudain c'est le drame et re-tout bascule c'est la fin du monde...enfin une invasion extra-terrestre c'est presque pareil,... mais tu nous dis pas dès le début que Central Park y va mourir s'te plaît.

Vous l'aurez compris, je fais semblant de faire le méchant, de faire l'énervé, je dis tout ça mais je le pense pas vraiment.
Il se trouve que j'adore les films indépendants et j'adore encore plus de les voir se faire récupérer maintenant qu'ils ont entre guillemets 'faits leurs preuves' et qu'ils vont pouvoir servir de vecteur à n'importe quelle daube, 'faut que ça aie l'air indépendant c'est plus nintelligent'. La grande force de ce projet est donc de nous montrer un film catastrophe, une invasion extra-terrestre, racontée d'un point de vue subjectif, sous des airs de documentaires amateurs, et ce Mesdames et Messieurs les Jurés au moment ou sortait également ' Rec' qui abordait lui, de la même façon, le registre fantastique.

blair_witch_project_movie_image_01
( oh mais dites-moi ma p'tite dame vous êtes toute bleue, quelque chose qui ne va pas ?...)

Je ne sais pas d'ou est venu ce regain d'intérêt pour l'emploi du style documentaire, mais ça relève comme chacun sait du phénomène de société; et en effet à un moment donné celui qui porte la caméra choisit toujours entre celle-ci et sa survie. Etonnant non ? Quelle drôle d'idée. Qu'on ne vienne pas me dire que sinon il n'y aurait pas de film parce qu'il me semble au contraire qu'on pourrait raconter beaucoup et bien en usant intelligemment des ellipses que produisent l'arrêt et le redemarrage de l'outil.Peut-être même trois trilogies en une seule fois, ce qui je trouve est un point à considérer... Néanmoins force est d'admettre que le récit se suit assez allègrement pour un film en caméra portée, très lisiblement même, avec les plans lointains ou plus près suivant le degré d'émotion. A ce titre 'Cloverfield' joue doublement de façon sympatoche avec le support caméra ( en insistant sur son côté domestique, c'est d'ailleurs très intéressant... ), tiens ouais sympatoche... comme les comédiens aussi...surtout la petite dont je parlais au début, c'est pas ma faute si elle ressemble à Marion Cotillard et cela nous fournit à moi et ma tribu quelques minutes d'évasion au milieu de cette bigoterie de plus en plus insoutenable.

Quoi d'autre, ah oui, les extra-terrestres, mélange de 'Alien' et de 'Starship Troopers' , l'équipe créatrice reconnaît volontiers l'influence des films de monstre japonais ( ) et avoue modestement avoir voulu générer une icône de la même ampleur que 'Godzilla'. Je me permets de demander si c'était vraiment la peine autant d'argent investi juste pour tuer le caméraman ( vous savez, juste avant d'y passer il fait 'oh oh...' )

- Cut. Le standart est surchargé, partout des quatre coins du monde 'Sig, fais-gaffe t'es à bout...'
et moi 'je sais je sais' que j'fais ' mais les gens ont le droit de savoir'...

18957680

Il n'y a pas une nuit vous savez sans que je pense au 'Ed Wood' de Tim Burton, même si force est d'avouer, que je n'ai pas vu tant de films de ce mauvais génie que ça. Mais cependant peut-on faire plus bel hymne à la liberté, à l'expression ? Et je n'en finis pas de me demander pourquoi cela n'inspire pas plus de monde, et je me fais mon film tout seul n'est-ce pas ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit après avoir terminé - ENFIN ( rire hystérique et dément prolongé ) - le dyptique de Philippe-José Farmer,'Comme une bête' et 'Gare à la bête', qui ne sont pas les livres de lui que l'on trouve le plus facilement en bibliothèque je ne vous le cache pas, et qui racontent les aventures d'un privé has-been aux prises avec de mysterieux vampires, le tout dans un cadre écologique bouleversé ( 1968 ).

( 'Un pied monstrueux' -Télérama )

car en effet, Philippe-José Farmer est connu pour avoir rajouté à la science-fiction classique une dimension comment dire pornographique. C'est un premier point, qui n'enlève cependant rien aux enjeux dramatiques du récit; il est vrai que je me réfère ici uniquement à la traduction française qui elle, renvoie à un postulat très kafkaien qu'on trouve à la dernière page de 'Le procès'. Du cul du cul du cul certes il est vrai, mais on signalera pourtant que depuis Farmer, peu se sont risqués à monter la barre à moins de privilégier un registre pour l'autre, ce qui est bien dommage; et le cul, appellons-le désormais comme ça, se révèle un vecteur assez imparable pour permettre à l'auteur de dépoussiérer les thèmes habituels de la science-fiction et du fantastique : univers parallèles, monstres classiques ( vampires, loups-garous ) cohabitent et s'inter-connectent joyeusement dans un formidable tour de force narratif, une synthèse absolue des registres effectuée par Farmer ( et qu'il ré-utilisera dans un autre fabuleux roman dont j'ai déjà parlé dans ces pages: 'Chacun son tour',' The other log of Phileas Fogg' qui lui serait davantage tout public et ferait AUSSI un film époustouflant). Et dans le mouvement, j'en profite pour attirer votre attention sur deux romans de Richard Brautigan, eux aussi des références incontournables, qui dynamitent avec un brio devenu légendaire les canons des registres ou ils prennent part, et qui feraient tous deux également des longs-mètrages absolument incroyables, mais qui fourniront aussi de savoureux moments de lecture si vous le voulez bien.

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