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images qui bougent
27 avril 2009

Le Christ s'est arrêté à Winnipeg

jesus_de_montreal

Contacté par un délégué semi-fonctionnaire d'une secte de grande envergure pour moderniser un spectacle de théâtre relatant la vie d'un obscur doctorant en psychologie d'avant l'Antiquité soupçonné de pratique illégale de son métier et décédé dans des circonstances encore mystèrieuses à ce jour, un jeune metteur en scène rassemble une troupe de comédiens...

Je tiens à prévenir tout de suite les âmes sensibles, ce film date de la fin des années 80 et porte très froncièrement cette période en lui -je ne me moque pas j'ai beaucoup d'affection pour cette période, simplement je préfère avertir que ce film contient des coupes de cheveux démodées, des scènes d'émotion avec des rifles de guitare en surimpression et aussi un relatif accent quebecquois par-ci par là. Pour ceux qui sont prêts à surmonter l'épreuve ils auront affaire à un très très beau film, une sorte de 'Vanya sur la 42e rue' au Quebec dans le sens ou c'est un véritable hymne au métier de comédien, au théâtre et au rôle que celui-ci occuppe depuis toujours dans nos sociétés : un révélateur de réalité, une catharsis pour nos emotions et nos peines, un court instant de répit parfois un peu vite régurgité, un peu comme qui vous savez.

Le réalisateur laisse la part belle aux moments et aux métiers du spectacle à l'intérieur de son film : un extrait de théâtre en guise d'ouverture, une scène de doublage hilarante et enfin l'adaptation de la vie du Christ sous le principe de la déambulation, ce qui m'a rappellé de grands moments à moi aussi, puisque je n'avais pas revu ce genre d'approche depuis un de mes périples au festival du théâtre de rue à Aurillac ou l'on pouvait suivre Oedipe déclâmant son texte en différents endroits de la ville, nous conduisant vers d'autres acteurs prenant le relais et ainsi de suite jusqu'à obtenir une représentation complète de la pièce antique avec la ville pour décor, de jour comme de nuit.

my_winnipeg_poster1

S'il n'est pas encore sujet à thèses cela ne devrait tarder, tant la démarche de Guy Maddin est aussi singulière qu'atypique, depuis près de quinze ans maintenant celui que l'on surnomme le canadien fou construit son oeuvre envers et contre tout. On l'a souvent comparé à David Lynch à cause de l'esthètique de ses premiers métrages ( 'Archangel', 'Tales from the Gemni Hospital' ) mais avec le temps ceci ne s'avère bel et bien qu'une critique valable à moitié seulement : là ou Lynch laisse le temps et la durée emplir l'image et lui donner du sens, Maddin enchaîne les plans les uns d'avec les autres comme pour aller très vite au bout de l'idée qu'il aborde. Fin de la parenthèse pour dire également que l'on cantonne allègrement celui-ci sous l'étiquette art et essai ainsi qu' expérimentale car apparemment le monde n'a pas encore accepté l'idée que l'on puisse raconter des histoires en dehors de l'air du temps, et en utilisant les qualités intrinsèques de l'histoire de celui-ci, qui ne sont finalement que des codes mais que l'on aurait enterrés un peu vite.

Maddin reprend en effet l'esthètique des films muets ( le côté théâtre filmé, les encarts textes ) pour en faire un espace quasi ludique et raconter des histoires oubliées de l'Histoire, une autre histoire du monde que l'on ne trouve pas dans les manuels mais qui se sont bel et bien produites, en prenant comme unité commune de lieu sa ville d'origine natale, Winnipeg, qui devient de fait le terreau de toute l'histoire de l'humanité -pensons aux figures tragiques incestueuses de 'Careful'. L'Histoire reste intrinsèquement liée à l'univers filmique de Maddin, qu'il renouvelle sans arrêt, que ce soit par l'introduction progressive de la couleur, de la chorégraphie,d'un montage plus contemporain, d' insertions d'images d'archives ou contemporaines comme c'est le cas préçisément ici pour 'My Winnipeg' ou sous couvert d'une autobiographie déguisée ( comme c'était déjà le cas dans les deux films précédents ) l'auteur explique pourquoi il n'arrive pas au propre comme au figuré à 'quitter sa ville' et en profite pour donner son point de vue sur ce que c'est que l'inspiration.

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