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images qui bougent
5 mai 2009

Soirée pyjama

s1529651 On commence la première collection de robes de chambres avec ‘Justice est faite’ d’André Cayatte, réalisateur dont je n’avais jamais entendu parler ( sous vos applaudissements ) jusqu’à ce que je tombe sur la chronique de Lovemetender sur ‘Le cinéma d’Olivier’ à propos du dyptique ‘La vie conjuguale’, la même histoire racontée en deux films, du point de vue des personnages principaux, un homme et une femme. Voici donc quelqu’un qui ne pouvait manquer de m’intéresser et je me suis empressé de me jeter sur ce que j’ai trouvé du monsieur dès que je l’ai pu. Le film relate le procès d’une jeune femme, Elsa Ludenstein, jugée pour avoir tué son docteur de collègue ( et fortuné amant ) sous couvert d’euthanasie. Nous assistons en parallèle à la procédure de rassemblement des douzes personnes choisies aux quatre coins de la France pour constituer les jurés et à l’admonestonction du verdict, comment le fait d’avoir été selectionné pour rendre justice interagit sur la vie de tout un chacun. Un tel concept, on y croit à peine, préférant ‘Usual suspects’ -avec tout mon respect- mais j’apprends que André Cayatte était lui-même avocat et après quelques adaptations de romans populaires afin de débuter sa carrière cinématographique, il s’est rapidement concentré sur des centres d’intérêts tous personnels, globalement la critique de l’appareil juridique et du systême en général, en prenant position sur des sujets brûlants tels que la peine de mort ou la pédophilie. Visuellement tout ceci est d’abord très beau et ça m’apprendra à ne pas noter les noms de toute l’équipe technique, ensuite la structure du récit désarçonne elle aussi puisque on a affaire à une intrigue avec des personnages multiples, chacun avec leur part de mystère, comme dans les romans de Graham Greene, ce qui est surprenant pour un film français - ok c’est vrai je taquine - . Le propos lui est carrément ambitieux puisqu’il tend à démontrer l’absurdité même de la procédure de justice, puisque la vérité est ailleurs, en opposant au crime de l’accusée et rapidement, la question de ses motivations, les propres problêmes ainsi que les contradictions des jurés. A chacun bien sûr de se faire son idée, jusqu’à un certain point, on pouvait penser que les criminels valent mieux que les personnes qui les jugent, heureusement Cayatte n’en reste pas là et rajoute d’autres éléments. La conclusion elle, reste plutôt difficile à tirer. Peut-être est-ce une question d’époque, mais il y a des choses qui ne m’ont pas parues crédibles comme le cas des parents qui ne savent plus quoi faire avec leurs enfants et qui se retrouvent eux-mêmes au bord du crime passionnel –façon de parler- ce qui fournit un argument pour le moins circonstancié en faveur de l’usage de la raison en règle générale ; le constat qui vient conclure la fin du film , malgré un déballage de caricatures fortes et bien senties, convainc à peine, car c’est je crois bien sous-estimer la société humaine ainsi que le concept même de civilisation, mais on ne peut certainement pas reprocher à André Cayatte d’avoir tiré la sonnette d’alarme. La question est si de nos jours il serait encore possible de faire des films pareils. screens_DVD Paul et Elisabeth vivent en vase clos dans leur maison, la sœur s’occuppant de leur mère malade tandis que le frère poursuit ses études. Blessé oui blessé par une boule de neige piégée d’un camarade, François est ramené au domicile par Gérard, ami dévoué qui idolâtre à la fois Paul tout en ayant d’yeux que pour Elisabeth. Gravement ouigravement affaibli Paul est contraint de rester allité. Un soir ou plutôt une nuit Elisabeth découvre que son frère somnambule. Le matin leur mère est retrouvée morte des suites de sa maladie. Le docteur qui adore le frère et la sœur pourvoit aux besoins de ceux-ci, en payant la bonne , qui les adore aussi, et demande à l’oncle de Gérard de les emmener en vacances. A leur retour les inséparables continuent leur train de vie, jusqu’à ce que Elisabeth ayant décidé de travailler, ramène une collègue de boulot, Agathe –douce et tendre-, qu’elle enjoint de s’installer avec eux… Réalisé par Jean-Pierre Melville à ses débuts d’après le livre culte de Jean Cocteau qui fournira par ailleurs la voix-off, tiens d’ailleurs puisque tu débutes jp, je t’octroies un 16/20 pour te récompenser de ton beau noir et blanc et ta scénographie impeccable ainsi que pour les trouvailles visuelles de la scène onirique, mais attention, ne prends pas ceci pour acquis, je te répète c’est pour t’encourager. Bien. Car il est bon de rire parfois. Comme je disais, avec ce film Jean-Pierre Melville n’est pas encore Jean-Pierre Melville ( bien qu’il soit…) mais il est fichtrement bien parti, et je ne reviendrais donc pas sur la plastique fabuleuse du film. Je n’ai pas lu le livre et je ne sais pourquoi je m’attendais à une autarcie encore plus forte que celle posée par le film, uniquement par la force des choses, par répétition jusqu’à ce qu’elle finisse par sauter aux yeux. N’importe, que l’on soit dans le monde de l’enfance ( déjà bien décalé par le fait que ce sont des adultes que l’on voit au milieu d’écoliers ) ou celui du monde adulte, et bien on a juste changé de chambre. Une autarcie plus oppressante disais-je ( Jean-Pierre est-ce que tu m’écoutes ? ) renforcée sans doute par des archétypes plus fort, au lieu de cela nous avons affaire à des comédiens qui cabotinent un rien dans le rôle des petits-bourgeois ( puisque c’est ‘toujours de la faute des princes’) mais nous sommes reconaissants malgré tout à Nicole Stéphane de nous avoir épargné sa beauté jusqu’aux dernieres minutes du film, au profit d’un jeu un très très ancré dans le réel. L’autarcie c’est la relation entre le frère et la sœur qui emerveille et fascine inlassablement leur entourage, qui reste leur secret autant qu’à la fin une malediction puisque ‘cela ne finira jamais’ comme le dit Olivier Py dans ‘La servante’, comme le démontre incroyablement Jacques Dutronc dans ‘L’important c’est d’aimer’, tout ça bien des décennies plus tard; ‘jouer le jeu’ comme le frère et la sœur appellent ça, et qui consiste à braver les interdits autant qu’à protéger les faibles, être l’objet de la tentation et du vice afin d’éprouver ceux que l’on aime justement parce qu’on les aime, et tuer à la fin parce que l’on peut se le permettre, parce que les règles du jeu exigent de faire tout ce qui est en notre pouvoir.
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