Le monde comme il est

La palme !! La palme merde ! 'Julian Donkeyboy' l'avant-dernier film de Harmony Korine fût l'un des premiers films chroniqués sur ce blog, et pour cause, rares les artistes contemporains qui ont su forcer mon respect de cette façon; 'Kids' était je crois, le film que j'ai toujours attendu, toujours rêvé de voir. C'est l'histoire d'un sosie de Michael Jackson ( Diego Luna ) qui essaie de vivre de son art à Paris, et en qui son impressario ( Leos Carax ) crois beaucoup. Au cours d'une représentation il rencontre un sosie de Marylin Morton ( Samantha Monroe ) qui l'invite chez elle dans son château en Ecosse. Le sosie de Michael - que tout le monde appelle Michael - fait alors conaissance avec toute la communauté : le mari de Marylin, sosie lui-même de Charlie Chaplin ( Denis Lavant ) mais aussi d'autres tels que les sosies de la reine d'Angleterre, du Pape, de James Dean, des Stooges... Alors pourquoi le titre de 'Mister Lonely' au fait ? Ben quand vous vous retrouvez à l'autre bout du monde avec Denis Lavant habillé en Charlot en train de brailler qu'ils vont faire le plus grand et le plus beau et le plus merveilleux spectacle du monde, y a de quoi se sentir un peu seul non ? Alors c'est vrai qu'Harmony Korine est un sacré marrant comme on a pu déjà le remarquer quand, avant 'Fight club' et entre ses deux premiers long-métrages on pouvait le voir sur Internet se faire filmer pendant qu'il cherchait une bagarre et se faire copieusement latter la gueule, aussi il revient avec très peu de commentaires et ce conte de fée moderne à propos de, de euh...mais oui de quoi au fait ?.......... ....mais il revient très inspiré en tout cas, car le film est un véritable régal pour l'esthète raffiné d'ici-bas que nous sommes : bon vieux mouvements de zoom apparents à l'image, emploi décomplexé de la mise au point ainsi que des différences de profondeur de champ,et...ET...ET...éclairage à la lampe de poche, mais oui mais oui ( j'ai failli me lever et applaudir ) quand il ne jongle pas grâce au talent de ses comédiens avec les codes de la fiction et du documentaire; bref la syntaxe même du médium cinéma, des arts de la scène-passerelle-vers-le-merveilleux-etc-, utilisée ici plus ou moins discrètement afin de ponctuer le déroulement et nous titiller mine de rien hors du registre des apparences, pardon des conventions... On a d'ailleurs qualifié à fort juste titre 'Mister Lonely' comme étant le grand frère de l'excellent ' De la guerre' de Bertrand Bonello, et encore une fois j'ose espérer que vous vous risquerez à vous faire votre idée. Un certain sens de l'humour de la part de l'artiste donc, et c'est sans doute pourquoi il complète son histoire d'un autre récit, avec Werner Herzog ( c'est sa deuxième apparition en tant que comédien dans un film de Korine ) en prêtre charismatique ( en fait c'est ses lunettes, d'ailleurs il le dit dans le film ) mais surtout très motivé, qui effectue des livraisons de nourriture ainsi que de bonnes soeurs sans parachutes dans des régions très défavorisées d'Afrique, ce qui simplifie d'autant plus le propos.