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images qui bougent
26 mai 2009

Portrait de l'artiste en gros lourd

stf Quatrième et dernière réalisation de Serge Gainsbourg, ' Stan the flasher' date de 1990, avec Claude Berri dans le rôle principal et première apparition à l'écran de Elodie Bouchez. Stan, scénariste de son état, donne des cours d'anglais, essaie de brancher les petites minettes en leur lisant Hamlet parce que au quotidien c'est pas la joie : personne ne veut de ses scripts, et avec sa femme c'est plus vraiment ça l'âge se faisant. Des fois ça lui arrive de sortir à poil sous un imper et d'aller montrer sa queue aux petites filles. Depuis quelques temps c'est de pire en pire, Stan est sur le point d'aller encore une fois trop loin... Dépeint à poil sur sa cuvette à chiottes et en manque de chatte ( dixit ), Gainsbourg semble nous dire qu'on a tous en nous quelque chose de Claude Berri; ambiance bukowskienne totale, viscéralement aussi glauque et desespérée qu'un roman d'Hubert Selby Jr. Aspect renforcé par le fait que les dialogues sont aussi des paroles de chansons, on se retrouve avec tout le monde en train de parler marlou, même si les comédiens ne sont pas tous convaincants ( ils joueraient tous comme Yves Rénier dans 'Merci la vie' et Gainsbourg rivalisait pour de bon avec le 'Sailor et Lula' de David Lynch sorti la même année ) - ce qui parfois pourrait s'avérer le véritable problême du cinéma, comme le pensait Hitchcock - pourtant la caméra de Gainsbourg les aime et les transfigure : mise en scène frontale ( Michel Robin en cellule, rappelant un cinéma qui ne se pratique presque plus, à part peut-être du côté de Noé et de Carax ) ou encore mouvements de steady-cam vertigineux qui viennent se terminer sur la ventripotence de Claude Berri, métaphore du talent bafoué. Les éclairages sont du reste somptueux de bout en bout, à se demander si Gainsbourg n'a pas bossé avec le directeur photo de Derek Jarman. Avec la récurrence d'une mélodie utilisée systématiquement en générique ( qui n'est pas sans rappeler certaines musiques des téléfilms érotiques sur M6 ) et aussi à cause des ralentis qui l'accompagne assez souvent,' Stan the flasher' possède une dimension eminamment clipesque, mais loin de surenchérir, ces effets se révèlent au final et contre toute attente des outils narratifs parfaitement utilisés pour une démonstration impeccable de l'emploi du montage alterné. Sobre, super-efficace. Elodie Bouchez est elle aussi instrumentalisée au milieu de tous ces adultes qui piquent même si on ne s'y frotte pas. J'aime beaucoup Gainsbourg mais toutes ses obsessions ne me parlent pas forcément et pourtant je ne suis pas que prude. Dans son roman 'Eugénie Sokoulov' on peut se faire une idée de sa vision de l'artiste à travers l'histoire tragi-comique d'un peintre qui trouve sa démarche ( lui ouvrant les portes du succès ) à cause d'une crise de flatulences paranormale, ici cette fois l'artiste est un exhibi, et on aurait tort de n'y voir que de la perversité au dépit de la part de révolte qu'il y a derrière ce comportement. Le terme de 'flasher' m'avait induit en confusion, croyant que celui-ci n'était reservé qu' aux adeptes de la shooteuse. A un moment donné même, le personnage sniffe effectivement son lit, mais bon apparemment le terme dans le jargon c'est que pour les exhibis. Je me rappelle une interview du Maître pour les Inrocks ou revenant sur la période ou il voulait être peintre, il disait qu'à cette époque il était capable de dessiner une aiguille et son chas en un seul trait de plume. Voici donc quelqu'un qui sait appuyer juste ce qu'il faut. Contrairement à son personnage, Gainsbourg sait exactement ou s'arrêter, tout en faisant à nouveau cependant la démonstration de son sens imparable du doigté qui a fait sa réputation : au milieu du marasme, une nuance de recul semble poindre, sur le visage d'Elodie Bouchez, une lueur d'affection...une histoire en dehors du conformisme, un peu moins mélo que le 'Noces blanches' avec Vanessa Paradis tout de même; est-ce bien cependant de ce genre de révolutions dont nous avons besoin ?
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