Lâchés en route...

J'ai une vie absolument trépidante : le soir, si je veux je mange un yaourt. Mais j'ai aussi une admiration sans bornes pour Larry Clark, même si je n'ai pas encore vu toute sa filmo, il est l'auteur de 'Kids' et de 'Bully', voilà pour les raisons, et aussi de 'Another day in paradise' qui se situe entre les deux -chronologiquement. Alors le film a 'un casting' maintenant et il est un peu plus propre...mais Larry Clark, même avec une légère fluxion c'est déjà les trois quarts de l'industrie qui peuvent rentrer chez eux regarder 'Le cuirassé Potemkine' en mangeant des pâtes. Et si 'Another day...' a des airs de 'Drugstore cow-boy', n'oublions pas que c'est le travail photographique de Clark qui a inspiré Van Sant pour son film de médicaments avec Kelly Lynch.

Et William Burroughs.
J'oubliais William Burroughs.
En effet, il faisait toujours une apparition dans les films de Van Sant, ici, il a un petit rôle.

Okok il y a aussi Matt Dillon, qui cartonne carrément -mais-bon-toujours-un-peu-moins-que-moi-quand-je-mange-mon-yaourt.

Bobbie ( Vincent Kartheiser ) n'a pas froid aux yeux.Il se lève tôt le matin pour aller faire les machines à sous d'une ou deux institutions au lieu de faire comme moi -manger des yaourts. Un jour, il s'en sort plus que limite et c'est aussi le jour ou il devient un meurtrier. Rentré autant que faire se peut dans la piaule qu'il partage avec sa copine et un pote, il est soigné par l'oncle de ce dernier, Mel ( James Woods ), qui a l'habitude d ece genre d esituations. Une fois Bobbie remis sur pieds, Mel, qui trempe dans la dope et le vol comme qui dirait professionellement demande à Bobbie si ça intéresserait Bobbie de l'aider sur un coup. C'est le début d'une escapade initiatique et sauvage pour Bobbie, sa copine Rosie ( Natasha Gregson Wagner ) en compagnie de Mel et de son amie Sid ( Mélanie Griffith )...

C'est là ou j'applaudis tout de suite parce que le film est un véritable festin pour les yeux déjà, sans doute une déformation de photographe, et comme à chaques fois chez Clark, au service du récit et rien que du récit...Alternant des echelles de plans relativement neutres mais adéquats -la distanciation requise quoi, avec des mouvements de caméra virevoltante hallucinants diable de foutrement bien sentis, que ce soit Bobbie qui enjambe...euh je sais plus quoi ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, ou encore James Woods qui tire une clope de son paquet le regard porté vers le lointain...la caméra contourne à chaques fois - vertigineusement - les personnages pour finir de les caractériser, comme ça boum boum l'air de rien... kill you Larry, kill you.

Nous parlions de casting, et bien le palmarès est très très serré, entre une apparition surprise et mémorable de Lou Diamonds Philipps, une scène ou Mélanie Griffith est bluffante quand elle cherche à protéger Bobbie et Rosie face à un James Woods bituré, la palme revient finalement à James, champion des blagues à deux balles -même quand elles sont dans son bide, et surtout surtout pour une scène de pétages de plombs sur banquette arrière absolument invincible. Vincent Kartheiser, est, dans le rôle principal j'ai envie de dire très bien soutenu et rattrappé par le scénario, car dès le début Clark explicite ce que recèle peut-être le silence de son héros, en plus de son jeune âge, je parle d'une très belle scène au miroir, avec remontée d'enfance difficile et violence à fleur de peau sous-jacente de façon quasi-palpable.Tout comme dans ses autres films, Clark laisse le spectateur seul juge, et c'est ce qui je crois fait définitivement sa force..les personnages chez lui, n'ont pas forcément cette chance, ne donnent pas forcément l'impression de retirer quoi que ce soit de ce qui leur arrive.

Je crois que j'ai dit tout ce que j'avais à dire.