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images qui bougent
16 juin 2009

C'est Mozart qui fait des petits bruits...

9400 ‘Un père, Francis, et ses deux fils, Matthieu et Eric, travaillent dans la même usine en Normandie. Francis est licencié pour avoir fumé une cigarette sur son lieu de travail. Matthieu, révolté par cette injustice, tente d'infléchir la direction, puis de mobiliser les ouvriers de l'usine et en particulier son frère. En vain. Peu de temps après, Francis meurt brusquement. Matthieu, convaincu du suicide de son père, n'a plus qu'une idée en tête : le venger.’ ( dos de couverture ) Je dois avouer que je nourris encore à cette heure des sentiments mitigés à l’égard du 3e film de Xavier Beauvois, dont je ne connais que ‘N’oublie pas que tu vas mourir’, son dernier ‘Le petit lieutenant ‘ est paraît-il une réussite totale. Mitigés parce que j’ai l’impression que le film aurait pu aller beaucoup plus loin qu’il ne va, qu’il n’assume carrément pas les chemins qu’il avait commencé d’emprunter, et en même temps je me demande si la conduite et la conclusion adoptées ne sont pas en réalité la meilleure solution qui soit, la plus civilisée. La plus humaine aussi –car je donne récemment dans la poésie, j’espère que vous avez tous bien vus les nuages accélérer, comme dans un film de Kusturica - et rien que pour avoir emmené son histoire ainsi jusqu’au bout et de ce point de vue, on peut d’autant mieux se faire une idée du genre d’auteur qu’est Xavier Beauvois. Alors comme je suis très méchant, commencons sans tambours ni trompettes ' dans ce film il n'y a pas’ : -un petit côté ‘J’irais cracher sur vos tombes’, qui m’avait le plus motivé à l’achat du dvd (– en fait non, un film de Beauvois soldé à une thune, je prends – d’ailleurs j’ai du rêver, je ne sais plus très bien, je l’ai volé si ça se trouve - ) à savoir s’infiltrer dans un milieu sociale autre afin d’y accomplir une vengeance. Ici c’est plutôt tranquille, la cible potentielle ( la femme de son patron ) a un petit défaut, un petit vice, ce sera le début d’une ouverture. On a pas droit à un défilé de dîners mondains et de portraits bien crachés ; le personnage de Nathalie Baye donc, ainsi que son milieu auraient pu être bien plus inaccessible, et la légereté de mentalité de ce milieu ( les quotas de pertes acceptables ) rendre encore plus insoutenable la situation qui pousse Matthieu ( Benoît Magimel ) à agir. D’abord il la rencontre, puis il se dit pourquoi pas, et comme on est dans une petite ville, ça se fait relativement discrétos voire tranquillement. Il n’y a pas véritablement d’obsession ou de truc trop prémédité à l’avance. La lutte des classes est évoquée au cours d’une gentille petite conversation dans une chambre d’hôtel avec champagne devant un superbe tableau de Jean Dubuffet, on refait le monde vite fait et puis voilà, on trinque au fait que nous sommes tous du bétail -ça aide à faire passer. Première petite déception; j'en étais sûr, capitalistes de merde... smat_1 -depuis le début je ne sais pas à qui la faute – soit aux comédiens, soit à l’écriture – car ok la caméra se ballade très bien, mais elle filme parfois un peu du vide, des dialogues qui ne partent pas, ou ne font pas mouches, il nous reste davantage l’intention de la scène (ahaha- j’y reviendrais ) et non la scène à proprement dite : en vrac, la scène de la jarretière de la mariée, ou la prise de gueule entre les deux frangins dans les vestiaires, et surtout une palme pour les rôles principaux , Matthieu au boulot qui appuie sur un bouton ou deux et a le temps de beaucoup souffler entre les deux – on est loin de l’immersion procurée dans les scènes d’usine dans un film comme ‘Trois huit’ justement – ou Nathalie Baye qui fait sa ‘non-scène’ de rupture. L’immersion ne semble pas être forcément le cheval de bataille alors, pourtant on a quand même eu droit à la petite touche documentaire lors des scènes familliales; piste qui apparemment ne supporte pas les lieux de travail. smat_2 -au contraire, le parti-pris global semble être celui de la distanciation, pour nous spectateur, au lieu d’être dans le vécu et dans le synchrone – et peut-être même dans le pathos, et c’est cette distance qui sert encore le mieux l’odyssée d’une vengeance, ce que l’on va nous montrer. Le titre à connotation biblique nous colle la puce à l’oreille, malgré un début en partie de chasse –si vous me passez l’expression – une autre chose que nous ne retrouverons pas ( ahah…merde ), un certain rapport à la nature : on commence cette histoire de vengeance donc, en nous préçisant bien qu’elle se déroule entre chasseurs. On s’attend à ce que ça sente la rosée matinale, la nuit et les feuilles…ben non pas d’immersion non plus de ce côté –là, cet aspect est gardé dans la très belle scène onirique ( pour moi le moment ou le film lâche totalement ses ‘ambitions’ mais comme je vous le disais également aussi, peut-être pas ) pour se voir reléguer au rang d’anecdote touristique avant de disparaître plus ou moins complètement. Un certain rapport à la nature, symbolisé par la chasse renforcait tout à fait les autres connotations, spécialement le sous-entendu religieux, puisque d’un coup il pourrait être question de sang dans cette histoire; et quoi de plus adéquat que d’opposer ainsi les forces de vie et de mort qui seront forcément les leviers de ce que l’on nous présente d’emblée comme une tragédie de l’envergure d’ ‘Hamlet’. - la distanciation de fait, n’a lieu disais-je d’autant mieux du fait de sa connotation biblique ( l’ennui c’est quand je parle comme ça je comprends plus très bien tout ce que je dis ), ainsi lors du mariage du frère de Matthieu, nous avons scénographiquement droit à une scène rappelant LA Cène. Chronologiquement, ce dispositif scènique intervient après la scène de la fin de la chasse, avec l’eviscération du cochon, qui constitue véritablement ( toujours suivant la même disposition –frontale, qui n’est pas sans rappeler le sophistication d'un Peter Greenaway sur ‘The baby of Macon’ ou encore 'Le cuisinier, le voleur, ...' j’ai pas peur de le dire - ) la première des ' scènes présentées en tant que scènes’. Ce dispositif justement culmine avec la scène à la morgue ou Matthieu n’est pas seul, il y a qq1 juste derrière un rideau, qui nous divise l’image en son milieu et ils sont posés face à nous frontalement à nouveau, sur un pied d’égalité – vous noterez également les directions des corps des défunts – et on se retrouve avec quelque chose assez impressionnant en terme de scénographie encore une fois. 18879878_w434_h_q80 Bien,... ou l'auteur de ces pages est en train de réaliser qu'il imagine le film de Xavier Beauvois réalisé par Philipe Grandrieux et espère à l'heure qu'il est s'en sortir plus ou moins comme ça. Toutes les pistes que je viens d'évoquer restent de l'ordre du sous-texte chez Xavier Beauvois, de la texture d'arrière-plan dont il me semble que le réalisateur vient de faire la brillante démonstration de son talent en terme de puissance d'évocation. 'Selon Matthieu' est apparemment un film assez décrié qui n'a pas fait l'unanimité, mais je suis assez curieux de savoir quelle genre de direction a pris le cinéma du monsieur.D'après les souvenirs que je peux avoir de 'N'oublie pas que tu vas mourir', la distanciation ne semble justement pas un parti-pris qui date d'hier... C'est justement dans sa façon d'esquiver le bain de sang auquel on pouvait se préparer que le réalisateur témoigne d'humanité, après avoir fait pousser finalement des cornes à son patron -dans son rêve et dans la réalité- il conduit son personnage vers un final par lequel on aurait pu commencer et qui nous eviterait du coup quasi tout le film. Si ce n'est qu'il fallait bien evidemment en passer par tout ça quand -même. Quand à l'interprétation ( l'infiltration sociale, etc... ) qui suis-je pour juger ? J'aurais bien sûr préféré que Benoît et Nathalie -mais Benoît surtout, car c'est son personnage- nous demande si par exemple un député fait le même boulot qu'un médecin, à la place du discours habituel sur les petits coréens exploités, ou disons EN PLUS du discours sur les petits coréens exploités. Pour le reste, on voit bien qu'on se pose des faux problêmes en ce qui concerne l'adultère, c'est beaucoup moins compliqué que ce que l'on croit, en en faisant très peu, ou en en disant très peu on peut en fait déjà faire suffisamment de dégâts. Pardon, d'effets... ( si si je voulais dire ' d'effets'.) Alors : pas de Vian, ni de Balzac, ni même de Pasolini,... et pourtant je pense qu'on reviendra tout de même. 18879876
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Commentaires
S
c'est vrai que pour un blog qui s'appelle 'Images qui bougent' elles bougent pas encore assez,ni en quantité suffisante , malheureusement sur ce sujet je ne peux encore rien vraiment promettre dans l'immédiat..<br /> <br /> merci pour ces sincères encouragements, c'est toujours chouette à entendre, et je suis ravi que tu trouves ton compte avec les articles...<br /> ( par contre j'ai essayé d'aller sur ton lien, mais c'est brayé apparamment...)<br /> <br /> à très bientôt alors,
A
Bonjour,<br /> j'ai trouvé l'adresse de ton blog par hasard (c'est sans doute l'idée des images qui bougent ou aussi que dans tes liens on trouve DASOLA et Olivier) qui a évéillé ma curiosité) je ne regrette pas car il n'y a pas pléthore de blog interessants sur le cinéma malgré le nombre de sites recencés rien sur canalblog<br /> La présentation du tien est soignée comme les commentaires en évitant de se limiter aux belles images ( qui ne bougent pas) et à la redite des synopsis.<br /> bref, ça m'a intéressé et je reviendrai car je trouve chez toi des films que je n'ai pas eu envie de commenter et qui peut être valent le coup d'oeil<br /> <br /> a plus.
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