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images qui bougent
23 juin 2009

Si vous vous intéressez un tant soit peu au

1l__1 Si vous vous intéressez un tant soit peu au cinéma, alors tôt ou tard vous viendrez à Philippe Grandrieux. C’est à partir de là que les problèmes commencent, et c’est encore pire si vous vous intéressez à la réalisation : dès les premières minutes de visionnage, vous vous sentirez tout de suite très jaloux. Grandrieux pratique LE cinéma sensoriel et subjectif dont vous avez toujours rêvé, c’est en même temps un cadeau somptueux et une brûlure sans fin. Je n'ai pas vu son film précédent 'La vie nouvelle', co-scénarisé avec l'écrivain Marc Vuillard ( publié aux éditions Leo Scheer ), mais j'ai comme beaucoup été mis sur les genoux par son premier film ,'Sombre', je ne saurais trop vous encourager. La bonne nouvelle c’est que vous pouvez arrêter de faire l’artiste incompris. Le film s’ouvre et l’image tremble, le personnage bûcheronne un arbre à la hâche. Il le regarde tomber puis s’en retourne chez lui avec son cheval qui tire le tout, on est dans la montagne, il y a de la neige mais la caméra n’est toujours pas tranquille, le personnage non plus, elle soubresaute, tournoie tandis que celui-ci s’effondre, traversé par une crise d’epilepsie. Les vêtements sombres dont les plis sont recouverts de neige cèdent la place aux flancs des montagnes striés eux aussi. La nature sauvage faisant ici office de cadre, dans tous les sens possibles du terme, ce sera elle qui par la suite ne cessera de 'composer' l'image. Des questions ? Alexi le personnage est en osmose avec la nature, sur le temps qu’aura durée cette séquence le style de réalisation est tel qu'on a l'impression qu'il reçoit la même quantité d’énergie que celle qu’il a dépensée à couper l’arbre. On a souvent dit ‘cinéma tellurique’ parce que c’est effectivement une monstration des courants d’énergie, la passation de ces énergies même, que s’en est animiste, on ne peut s’empêcher de penser à Joseph Beuys. Le réalisateur ose le flou, diffuse la forme de l'objet qui apparaît dès lors en énergie; et si c’est un personnage, en affect. Chez Grandrieux, pas une émotion qui n'aie sa lumière. un_lac_6 Souvenez-vous Matthieu Kassovitz disait sur le tournage de ‘Babylon A.D’ qu’il allait révolutionner le cinéma car il était sur le point d’instaurer une ‘nouvelle grammaire’ ; avouez que si le renouveau cinématographique devait arriver sur un film de s.f, adaptation de Maurice Dantec qui plus étant, on aurait été loin d’être mécontent. Seulement voilà les producteurs voulaient qu’il fasse plutôt un truc avec des scooters des neiges faisant des loopings dans le ciel ( – toujours pas de questions ? ) ; par contre si il y a quelqu’un qui s’approche véritablement de ceci, appliquer une grammaire nouvelle au cinéma, c’est bien Mr Grandrieux. Non pas qu’elle soit ‘si’ nouvelle que ça sa grammaire mais on la pratique peu, son vocabulaire venant quasi des sources de l’art, ceux de la scène, et tient véritablement de la chorégraphie théâtrale. Le récit naît d’entre les souffles, chez Grandrieux on s’agrippe, on se ressuscite, on perçoit et de là vient le mouvement. Habituellement ou en règles générales, on vous montre le trajet entre les êtres, jusqu’au rapprochement, et c’est ce qui constitue le récit. Ici, c’est le récit qui sépare les êtres, c’est tout le reste qui sépare ce qui devrait rester uni. Alexis donc, vit reclus avec sa famille dans un chalet,perdu au milieu de cette nature rude, est un peu trop proche de sa jeune soeur aveugle Hege, il a aussi un petit frère, un père et une mère présents mais lointains. Un jour arrive Jurg, dans les mêmes âges que lui, qui ‘vient pour le bois’... un_lac_2
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