Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
images qui bougent
12 juillet 2009

Le grand sommeil c'est à côté...

Certes il était tard, mais pas encore assez. C'est sans réellement me faire prier - je déteste ça - que je m'engouffrais dans la nuit noire, moi et mes courbatures, afin de me baigner un peu de ses lumières, de ses grandes et belles maisons muettes et aveugles. Un de mes miens amis et ouvreur au cinéma du coin ayant terminé avec succès sa soutenance de mémoire, je comptais bien l'obliger à payer le champagne afin de trinquer allègrement à l'injustice dans le monde. Le fourbe n'étant pas dans la place, je saluais le reste des gens présents. -' ben mon vieux t'es réchauffé, ça caille plutôt dehors ' m'apostrophe ZZZ. Impossible cependant de lui expliquer que depuis quelques années maintenant, j'ai toujours chaud.XXX est là également, et j'en profite pour l'aborder à propos du film 'Millenium', dont je sais qu'elle est une fervente supportrice des livres originaux, partageant il est vrai quelques points communs avec le titre du deuxième surtout. En plus, en ce moment elle porte de très chouettes débardeurs ET-CE-MALGRE-LE-FAIT-QU'ELLE-A-DEJA-UN-PETIT-COPAIN...Round d'échanges d'arguments qui s'est terminé sur un forfait déclaré de mon côté, à propos de la violence sexuelle frontale qui selon moi n'apporte rien et qui pouvait très bien être réservé au deuxième opus, plus axé sur l'héroine de toutes façons. XXX considère que c'est assez respectueux du matériau original et en plus l'interprète comme un parti-pris anti-hollywoodien. La joie est telle que je ne peux discuter plus avant, gardant pour moi la satisfaction que pour une fois, nous étions presque d'accord. Mais déjà XXX doit finir de s'occuper des poubelles avant de retourner au bar de toutes façons, avant que je ne puisse embrayer sur le dernier Woody Allen, avec lequel j'étais quasi-sûr, par contre, de la mettre en colère...Percevant mon désarroi, ZZZ s'approcha et dit : -' tu veux voir un film ?' -' nân...tu sais bien que depuis mon retour du NIFFF, j'ai décroché...' Effectivement, ça ne faisait pas si longtemps, mais c'était vrai. A raison de six films par jour - dont forcément trois regardés de travers- j'avais atteint la limite de ce que je pouvais moi-même supporter. J'hésitais un instant avec la possibilité de m'achever la tête définitivement en allant voir 'Transformers 2', et entre 'Jeux de pouvoirs' et 'Hanté par ses ex' l'intégrité artistique reprit malgré-moi le dessus, puisque, vous l'avez compris, ce ne pouvait être en aucun cas l'instinct de survie.Damnit ! J'étais pourtant certain d'être arrivé exprès après la dernière séance des nocturnes, mais il me restait encore SIX MINUTES pour faire mon choix. ' Public enemies' de Michael Mann. J'étais sûr de ne pas trop souffrir, je pouvais même y aller à reculons, je serais quand-même surpris; de cela j'étais certain également. -' fais gaffe c'est du numérique...' préçise ZZZ j'avoue que je ne relevais pas, à cause de la défaillance récente de mon temps de réaction... -' c'est de la caméra portée aussi...ça ressemble à un film de vacances y paraît ...' Celle-ci je l'avais déjà entendue, à propos du cinéma indépendant voire du cinéma en général, c'est comme ceux qui regardent un Picasso en disant ' moi aussi je peux le faire ' un jour ou l'autre je crois bien que moi aussi je vais faire quelque chose ....Après un dernier rencart lancé à ZZZ pour après la séance et mes effusions de remerciement habituelles -que je m'efforce de renouveller à chaques fois puisqu'elles sont sincères - j'emmenais ma demi-paupière encore réveillée, mon ventre à bières proéminent, ma calvitie et mes cheveux hirsutes depuis trois mois - enfin hirsutes pas vraiment, au lieu de s'élever en épis insoumis histoire d'avoir l'air de quelqu'un d'occupé, ils retombent lamentablement en ailes de canards et rebîclent au-dessus des oreilles...c'est parfaitement hideux mais cela sert à merveille mes desseins, c'est le prix à payer pour que toutes les filles de la planète ne soient pas prosternées à mes pieds et que je puisse disposer de mon temps comme je l'entends. Et ça marche, croyez bien que ça marche, j'ai même surpris une serveuse en délit de sale gueule sur ma face...c'est absolument délicieux dès lors de voir ce que n'hésitent pas à faire certaines personnes quand elles se sentent dans leur bon droit ( : 'internet c'est juste une demi-heure monsieur...voilà il faut vous dépêcher car il y a une autre personne qui attend,voilà il vous reste cinq minutes' 'si vous vouliez bien prendre une table maintenant' ), moi qui croyais que c'était un plaisir uniquement réservé aux Anciens...Je pris ma place dans la salle déjà éteinte et arrivée au bout des dernières bandes-annonces, repensant avec un petit frisson involontaire à ceux qui ont payés leur places. Comme à chaques fois,mais sans y penser plus que ça ( en fait non je suis pas du tout comme ça, je fais juste comme les autres qui peuvent pas s'empêcher de se différencier, de stipuler qu'ils ne sont pas des spectateurs 'ordinaires' ) et dans un réflexe d'auto-didacte motivé, je dirigeais à nouveau mon attention vers ce qui se trouvait en face de moi. PublicEnemiesG C'est très simple, pour ma part le numérique j'adore ça. Depuis le 'Lost highway' de Lynch tourné en HD et gonflé sur pellicule, jusqu'aux petits indépendants méconnus, le numérique est pour moi définitivement associé à un cinéma que j'ai cherché et à l'inventitivité la plus débridée, ne se reposant pas sur des valeurs sûres de l'esthétisme bon ton. Je ne renie absolument pas mes premiers émois cinématographiques, les films de Scorcese, Coppola, De Palma jusqu'à ceux d'Abel Ferrara, ou le grain et la texture de l'image venait encore densifier la découverte d'un univers nouveau. Si on a dit que l'image en 35mm était plus chaleureuse, il faut bien avouer que les images peut-être plus froides du numérique sont également de toutes beauté. Les couleurs ressortent à merveille, la lumière tend elle-même à ne rien magnifier, révèlant les objets et les personnages un peu plus crûment : il y a une certaine objectivité intrinsèque au numérique, je trouve ça parfait pour raconter des histoires. C'est pas plus mal, le cinéma commençait depuis longtemps à ressembler bien trop à la photographie. La caméra portée, parlons-en, tout le monde trouve ça à la mode mais qui a vu cependant un seul film de John Cassavetes, je pense à son chef-d'oeuvre 'Faces' ou il canonise le procédé et ou les mouvements de caméra subliment le jeu des comédiens, ou les changements de lumière SEULS qu'induisent un changement d'axe, suffisent pour modifier radicalement le sens d'une scène...A ouialors, mes vacances à la Cinémathèque, parlons-en aussi... En terme de caméra portée, 'Public enemies' est un film virtuose et absolu, JAMAIS ILLISIBLE, bien au contraire, c'est littéralement un livre dont on tourne les pages sous nos yeux... indescriptible. Pour ma part j'ai raté quelques marches dans la filmo de Mann depuis bien longtemps, mais je me suis fait du cinoche indé tant que j'ai pu : Mann en effectue la synthèse ultime en en reprenant l'essentiel des codes et en les enchaînant avec une maestria survoltée...D'abord une façon plus visuelle de faire passer une idée typique du registre : au lieu de sacraliser les sacro-saints comédiens ( quand le film ne repose pas essentiellement sur eux, comme chez Cassavetes ) les indépendants ont tendance à ne pas s'attarder et à aller à l'essentiel on suit les règles classiques de façon chevronnée mais pas sur-appuyée : première réplique à gauche, contrechamp frontal, conclusion à droite. Boum-boum. Un peu comme les peintres chinois qui s'evertuaient à montrer la nature sous trois aspects simultanés, on suit cette même règle de trois. Une idée est-elle importante , elle est répétée sous un autre point de vue, on ne se fatigue pas à nous en faire une 'scène'. On privilégie le contenu et non , les 'effusions de surface'. Idem en ce qui concerne la construction de l'histoire, avec quelques plans, très beau, archi 'non-composés' comme ce mur blanc carrelé et ces barreaux à travers desquels la lumière passe, faisant office de piliers visuels entre les différents chapitres du récit qui reviendront dans la discussion entre Dillinger et son avocat de manière frontale cette fois,au milieu du film, pour faire place dans le dernier acte...à une salle de cinéma obscure avec un seul faisceau. Rassurez-vous je ne vous oblige pas à être d'accord avec cette idée. Le support numérique permet presque à lui seul renouveller le genre ( en fait non, on a déjà vu ça ailleurs, c'est juste qu'ici c'est très réussi...) avec la sublime fusillade de nuit et la non moins scène de poursuite en forêt, c'est beau de tous les côtés. Au niveau du sujet, Michael Mann fait également très fort,et l' on pourrait même envisager 'Public enemies' comme un long et gros et grand doigtus à Thomas Langmann et à Jean-François Richet avec leur 'Instinct de mort public numéro 1' ( : ' vous pouvez faire des films comme nous les Américains ? c'est cool...on vient de changer de siècle les gars vous êtes au courant ?' ) en réalisant le film de gangster ultime sans en faire deux parties, et ce en s'affirmant qui plus est ouvertement, ou explicitement, cinématographique ( et non pas ) en osant une approche résolument moderne. Comme Jacques Mesrine, John Dillinger pourtant solide archétype rock n' roll ( 'tout et tout de suite' ) se retrouve confronté à son propre anachronisme : braquer les banques c'est démodé, il y a moyen de faire mieux et avec beaucoup moins de prises de risques, voir la scène avec les bookies clandestins. Mais il ne l'accepte pas, et comme il vit en marges, il a l'impression de passer entre les mailles du filet alors que pendant ce temps l'étau est en train de se reserrer autour de lui. 'Au moment ou ils se sentent invincibles, c'est toujours là ou s'écroulent même les plus grands' comme dit Joe l'Indien, que je vous présenterais volontiers surtout si vous continuez à l'appeler comme ça, je prends pour exemple la scène dans le comissariat puis la scène au cinéma, ou il peut esquisser un sourire amusé sur les répliques des gangsters, forcément, en fait il se fait entrer lui-même dans la légende à ce moment-là, ou bien se rassure sur ce point, comme vous voudrez. J'espère qu'avec 'Public enemies' Michael Mann aura transformé l'essai et s'imposera comme le grand réalisateur qu'il est déjà depuis longtemps, en tout cas la tentative formelle est audacieuse, c'est presque une sorte de profession de foi qui fait plaisir à voir et une déclaration sublime d'amour et d'intégrité au cinéma, saluons aussi le casting pour avoir soutenu le réalisateur dans cette aventure.Il paraîtraît que le projet d'adaptation de 'White jazz' par Georges Clooney est au ralenti depuis quelques temps..Ce serait magnifique de reprendre plus ou moins la même équipe, avec Christian Bale dans le premier rôle, celui du flic ripou sous adrénaline, et à nouvau Mann à la réalisation. Pour ceux qui ont du mal avec la caméra portée, James Ellroy donnait déjà une grande leçon en en restituant les effets dans son roman, grâce à la technique de narration à la première personne. Lire 'White jazz' c'est comme être attaché dans une voiture de grand-huit qui tournerait en boucle, de nuit, avec un stromboscope. L'idée reste séduisante mais nous n'en sommes pas là, arrivera-t-on seulement à faire des films de gangsters après le film de Mann, ou bien nous empresserons-nous de l'oublier pour revenir à des formes plus conventionnelles.
Publicité
Publicité
Commentaires
E
et oui, ce film n'est tjs pas sorti en dvd, triste n'est ce pas?
S
merci pour l'info...
E
pr la foreteresse noier, tu peux le trouver sur emule: c'est malheureusement le seul moyen de le choper.
S
..mm. beaucoup de 'déjà ' dans le post précédent.<br /> toutes mes excuses.
S
En ce qui concerne 'La forteresse noire' je suis tombé sur le livre de poche par hasard, mais il m'est tombé des mains à cause de quelques séquences un peu Harlequin...néanmoins il y a de très chouettes éléments d'histoire et je vais peut-être le reprendre..je connais l'historique du film, assez introuvable, plutôt gâché mais plein de bonnes idées lui aussi...<br /> <br /> Il paraît que déjà sur ces deux précédents films Mann s'essaye déjà à la HD et que ça vaut déjà le détour...en tout cas avec 'Public enemies' je suis resté incrusté dans mon fauteuil ...
images qui bougent
Publicité
Archives
Publicité