bonjour toi...

oh je sais tu fais celui que ça ne n’intéresses pas, celui qui continue son petit train de vie, celui que ça ne concerne pas mais tu ne sais pas dissimuler les choses bien longtemps, mmmh…je te vois à l’affût, à te demander si aujourd’hui encore je ne t’ai pas oublié, de mon côté c’est aussi ce que j’essaie de te faire croire. Mais tu as senti n’est-ce pas ? Et tu vois ce sac de plastique blanc, oui c’est pour toi mon lecteur dvd, j’ai bien été faire des emplettes pour toi et tu n’as pas idée de ce que je te ramène… et puis tu vois j’ai changé de chaussettes, enfermé toutes les mouches dans la salle de bains, lègué le frigo à la science, fini les épluchures de roquefort empêtrées dans la moquette.... non lecteur dvd...ne les écoute pas ne fais pas attention à eux, ne les écoute pas, ils ne savent pas ce que c’est que de faire ce que nous allons faire, de lancer un film et de pouvoir le regarder tourner... et pour commencer ce sera ‘ Trauma’ de Dario Argento, ce n’est pas un classique mais justement, l’auteur est tellement intéressant que l’on peut bien se permettre d’observer un peu les étapes de son oeuvre.

Tu vois qu’est-ce que je disais ? Peut-être les aventures de cette jeune fille anorexique ayant assisté au meurtre de ses parents par un tueur en série dont les motifs la dépasse encore n’a pas été le sommet des sensations escomptées, mais qu’importe, je t’ai offert de magnifiques cadrages, de magnifiques ambiances, plus d’une démonstration de spatialisation aigue ainsi que de caméra portée, toutes du plus bel effet. Certes on aimerait que cette qualité réside aussi à d'autres moments intermédiaires, mais ne soit pas trop dur envers Dario, ce film est d’abord la somme de tout un tas de compromis avec des méchants producteurs américains ( c’est expliqué ici : http://www.cinetudes.com/TRAUMA-de-Dario-Argento-1e-1993_a88.html ) mais c’est quand même un film de Dario, et les films de Dario en disent toujours plus que ce qu’ils semblent. Quand le petit ami, ancien junkie, a replongé après sa rupture avec la jeune fille, quand il se fait jeter de la pharmacie, tu en connais beaucoup toi des films ou tu vois le personnage utiliser son ‘intuition’ de cette façon ? Tu vois ça c’est Dario.

Et quand encore dans cette magnifique scène d’hopital presque sortie d’un film de Georges Roméro, que les personnages se cachent derrière un mur et que l’on se demande s’ils vont retourner affronter le danger qui leur fait face, tu vois la caméra reculer pour nous montrer que les escaliers de secours sont en fait à côté, juste derrière eux ? Eh bien ça aussi c’est Dario. Ce qu’il faudrait c’est revoir le film en vo parce que pour le doublage des films de genre italiens c’est pas vraiment la joie, si les deux héros sont plutôt photogéniques, le doublage achève littéralement de les plomber, et les personnages secondaires, c’est pas parce qu’ils sont secondaires justement qu’il faut les flancher encore plus ( je pense au collègue de bureau, ainsi qu’à la présentatrice, un rien stéréotypés ) surtout qu’en plus on a Piper Laurie, Brad Dourif et Frederick Forrest, c’est quand même dommage de ne pas pouvoir en plus les apprécier non ?

Je te le dis mon lecteur dvd, le film de Dario mérite largement une seconde chance, ne serait-ce que pour cette bien curieuse approche du traumatisme et de l’obsession, je me demande ce que toutes ces successions de pathos, de changements de figures recèlent vraiment. Sans avoir forcément tout ceci à l’esprit, dis-moi lecteur dvd, est-ce que ça été bon pour toi ...comme ça été bon pour moi ?