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images qui bougent
14 août 2009

Ne souriez pas vous êtes filmés

1984_movie_bb_a1

‘1984’ est un film de Michael Radford, sorti la même année, d’après le livre-culte de Georges Orwell, une référence absolue de la science-fiction en terme d’anticipation, reconnu entre tous pour sa portée critique immense, de par son analyse des mécanismes de contrôle des masses. L’action se situe à Londres , en 1984, dans une société post-nucléaire et totalitariste :le gouvernement, symbolisé par la figure de ‘Big brother’ contrôle et régule tout, les actes et les pensées du peuple. Winston Smith ( John Hurt ), fonctionnaire au Ministère de la Vérité, se rend peu à peu compte du monde tel qu’il est et se surprend à nourrir des sentiments envers ‘le Parti’ qui pourrait lui valoir d’être incarcéré à vie. Mais il n’y peut rien, il y a quelque chose en lui qui veut savoir, qui veut comprendre , il s’aventure souvent dans ‘ la Zone Prolétaire’, cédant à des pulsions toutes empreintes de nostalgie ( mais pas seulement ) envers n’importe quel vestige du ‘monde d’avant’, et commence à faire ce que nul n’oserait faire , écrire un journal. Il remarque également qu’une jeune femme ( Suzanna Hamilton ) le suit, en tout cas qu’il la croise souvent, et croît tout d’abord avoir été repéré par la Police de la Pensée mais quand celle-ci lui avoue ses sentiments ils entament dès lors une relation, qu’ils savent par avance condamnée à l’échec.

L’importance du livre n’est plus vraiment à prouver, il est étudié dans toutes les écoles au même titre que ‘ Le meilleur des mondes’ d’ Aldeous Huxley ou ‘ Farenheit 451’ de Ray Bradbury , qui à eux trois constituent la Sainte Trinité des ouvrages contemporains considérés comme fondateurs, auxquels nous devons maintenant ajouter le roman de Eugène Zamiatine ‘ Nous autres’, datant de 1920 ( re-découvert il n’y a pas si longtemps grâce à la collection ‘Imaginaire’ chez Gallimard ) reconnu comme étant une influence prépondérante pour Orwell dans la rédaction de ‘1984’, étant effectivement le premier livre ouvertement critique en ce qui concerne la politique en Russie à cette époque et utilisant pour se faire le vecteur de la science-fiction. Le film ne l’est pas moins. Suivant les volontés de la veuve d’ Orwell , détentrice des droits d’adaptation du roman, le film a été tourné sans avoir recours aux effets spéciaux, ce qui en fait un objet très intéressant d’un point de vue scénographique - je pense particulièrement aux scènes de foule, ainsi qu’à John Hurt dans son immense appartement quasi délabré et dans lequel un écran de contrôle gigantesque occupe toute la place et on peut y voir ici très facilement certains prémices formels de tout un panel du cinéma indépendant contemporain, Guy Maddin en tête. Il y a également le fait que, originalement Michael Radford aurait souhaité réaliser le film entièrement en noir et blanc et il ne le pourra pas, il trouvera une forme de compromis par l’emploi d’un délavement de la pellicule, ce qui donne au film sa tonalité visuelle particulière, et que l’on retrouve un peu partout, jusque dans l’univers visuel d’Enki Bilal, lui-même par ailleurs fortement récupéré.

Pourtant produit par Virgin, on a véritablement l’impression d’avoir affaire à un film fauché. Les décors sont assez minimals, loin de toute esbrouffe visuelle et orientés directement en adéquation avec le propos, ainsi de façon flagrante, renforcé qui plus est par la mise-en scène qui n’élargit son cadre qu’en de rares occasions : c’est ici véritablement le contenu qui est privilégié puisque nous est montré la finalité de l’endoctrinement alors qu’à l’image nous en avons les conditions. Le livre met en avant la politique d’obscurantisme développé par le gouvernement ( nivellement par le bas en réduisant toujours davantage le langage, afin de le rendre ‘plus pratique’ , plus fonctionnel, evacuant par là-même tout sens de la nuance, c’est-à-dire d’outils eventuels de rebellion ) et nous avons à l’image le même étriquement de la vision. Le film ne nous épargne pas non plus son lot de vérités assez cinglantes, un dernier tiers même relativement éprouvant et un final assez déstabilisant, plutôt pessimiste quand au bien-fondé de la révolte.

Le réalisateur eût également d’autres sources de différents avec les producteurs, à propos de la bande-son qu’il voulait entièrement composée par Dominic Muldowney, ce qui , par son côté lyrique classique, aurait encore renforcé l’aspect ‘film de propagande’ de son métrage ( je le répète à nouveau : esthètique visuelle et sonore de films classiques, ou d’archives ou de propagande + noir et blanc = Guy Maddin, dont l’œuvre mérite définitivement à être davantage connue ) tandis que les producteurs ont eux comissionnés le groupe Eurythmics. Sur le dvd en ma possession, il y a un compromis avec des morceaux de l’un et des autres, et ça va, le contraste fonctionne plutôt bien.

‘1984’ marque également le dernier rôle à l’écran de Richard Burton, mais disons-le tout net, tous les rôles principaux sont magnifiques. Oui, on peut dire qu’ils ont tous bien fait leur boulot.

 

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Commentaires
E
je te redirai ça et j'espère recevoir le dvd bientôt
S
cool,je me réjouis alors...
E
bah non justement: je sais juste qu'il existe une version des années 50 . Alors après, fidèle ou pas ? J'en sais rien car je ne l'ai pas vu. Je sais juste que je l'ai commandé sur Amazon et que je ferai un article dessus.
S
nom de..,non, tu pourrais m'en dire plus ?
E
sinon, savais tu qu'il existait une version de 1984 réalisée dans les anneés 50 ? Et si oui, l'as tu déjà vu ?
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