sous vos applaudissements, 'Caterpillar' de Koji Wakamatsu

1940, au Japon, une jeune paysanne voit revenir son mari du front, atrocement mutilé. Vénéré par les autres habitants du village en tant que héros de la patrie, il est devenu une chose à peine humaine, soumis aux besoins vitaux les plus primaires, manger, boire, dormir et surtout copuler, et c'est à elle seule d' endurer le revers caché de cette si glorieuse médaille.

Peut-être à une autre époque, 'Caterpillar' aurait fait l'effet d'une bombe atomique, Wakamatsu étant une figure révolutionnaire quasi-emblématique pour tout de même certaines raisons, sauf que ici on a l'impression d'assister à une redite assez discutable des thématiques qui ont fait sa légende; la progression narrative, la caractérisation des personnages nous donnent l'impression que le film a été monté dans le désordre puisqu'il ne nous offre à voir que des redites dans les dialogues qui en viennent qui plus est par finir par se contredire - peut-être est-ce la faute de la traduction française qui aurait trop synthètisé les dialogues originaux - en tout cas le film sera diffusé en France sous le titre ' Le soldat dieu', et bien je peux vous dire qu'on ne risque pas d'en oublier le titre une fois en salle : ' alors c'est ça le soldat-dieu ? ' ' et keski dit maintenant le soldat dieu ? ' mais ça ne va pas beaucoup plus loin, à tel point que l'on vient à se demander si le réalisateur ne s'est pas un peu trop reposé sur les méthodes d'improvisation qui ont fait sa légende.

Le propos étant de dénoncer la condition de la femme japonaise à l'époque,soumise entièrement à la raison d'état ( machines à enfanter, esclaves de maison ) au service d'epoux barbares glorifiés pour de mauvaises raisons mais sachant exercer leur ' droit', notion que l'on comprend au bout de la première demi-heure et qui ne décolle jamais de son intitulé autrement qu'en accumulant des enormités de façade, les personnages secondaires sont archi-stéréotypés ( mais on leur pardonne  encore ils sont là pour ça : le beau-frère paysan et naïf qui veut croire en la raison d'Etat et ajouter sa pierre à l'ouvrage, et naturellement le consortium, dans le rôle du consortium, et puis l'idiot du village à qui on met des tartes et qui est le seul à faire en réalité preuve de discernement ) mais c'est surtout qu'à force de matraquage l'auteur finit par produire l'effet inverse de ce qu'il voulait dénoncer, car de fait, on a un peu de mal à considérer l'appel à la révolte venant d'une matronne hystérique qui torture un handicapé ( comme c'est souvent le cas chez Wakamatsu, la victime devient bourreau à son tour ), heureusement que l'on sait que celui-ci était un véritable monstre avant d'être si atrocement mutilé, ce qui arrange tout le monde et surtout l'auteur, c'était bien le but.

La seule chose que j'ai pu dégager de cette fabliole manichéenne et d'un féminisme de bon ton c'est que tout ce que l'on peut faire véritablement contre le mal, contre le fascisme, c'est de lui renvoyer infatiguablement sa propre image jusqu'à ce qu'il se 'voit' enfin, et qu'il en crève; proposition louable s'il en est mais difficilement tenable, il n'y a pas si longtemps, Michel Houellebecq exposait très gentiment dans son roman ' La possibilité d'une île' que si, fût-un temps, le conflit opposait capitalisme contre communisme, les enjeux avaient changés aujourd'hui et que nous serions désormais face à quelque chose plutôt de l'ordre anarchie contre fascisme, et vous savez aussi bien que moi  quel peu de cas on en fait, et puisque Wakamatsu s'attaque à la tyrannie comme il l'a toujours fait personne ne dira que c'est mal, et encore moins que c'est raté.

Le film sera diffusé en salles aux alentours de la rentrée ou bien de la fin de l'année , je ne sais plus très bien, et nous pourrons je l'espère alors en débattre, en attendant voici un autre lien qui peut-être vous encouragera davantage à voir ce film :

http://www.filmdeculte.com/cinema/actualite/Le-Soldat-dieu-10921.html