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images qui bougent
2 septembre 2010

qui ne dit mot consent, 'Elève libre' de Joachim Lafosse

 

JonasBloquetEleveLibre012

 

JE SUIS SUR D'AVOIR ENTENDU QUELQUE CHOSE LA DESSUS. C'était ce que je n'arrêtais pas de me dire après avoir reconnu le titre du film entre deux zappings, et c'est sans en savoir beaucoup plus que je me calais bien confortablement sous ma couette, impatient de ce que j'allais bien pouvoir découvrir, découvrant ainsi l'histoire du jeune Jonas, ressemblant à s'y méprendre à Darth Vader jeune, à nouveau en plein echec scolaire mais il s'en fout, il compte surtout sur une école de tennis. Dès les premières minutes on sent que c'est du sérieux, le personnage se débattant avec sa raquette nous rappellerait presque le héros de ' 71 fragments d'une chronologie du hasard', en tout cas quelquechose dans la mise en scène nous y incite et c'est pas une petite référence. Le monde s'ouvre un peu sous les pieds du protagoniste du haut de ses seize ans qui se retrouve confronté à ses propres limites. Heureusement des amis de sa mère, chez qui il est en vacances , s'efforcent de lui faire d'abord et surtout entrevoir ce qui est vraiment important dans la vie, lui prodiguant une sorte de cohésion familliale dont le jeune homme a un peu perdu les notions depuis le divorce de ses parents. L'un d'eux, qui a été prof, lui propose même de devenir son prof particulier afin de l'aider à revoir ses matières et de postuler son concours en élève libre. Ce sera du boulot mais lui en tout cas, fera de son mieux et il demande à Jonas d'en faire autant.

Alors dès cette première demi-heure c'est la jubile, n'en crois-je pas mes yeux et mes oreilles : enfin une réflexion sur l'enseignement et le rôle de la philosophie loin du tapage désoeuvré de 'Entre les murs ' en prenant le problême à sa racine, l'éducation et la constitutuion de véritablement ce qu'on dénomme habituellement une conscience. Et c'est beau à voir, les comédiens dans le rôle des amis trentenaires  sont assez excellents ainsi que le reste de la distribe d'ailleurs, Jonathan Zaccai ( 'Les revenants', 'La chambre des morts') déboîte comme à chaques fois, sans donner l'impression de forcer tellement, se contentant de rester préçis et concret tout en étant complètement entièrement impliqué, ce qu'il fait à chaques fois et qui lui réussit à chaques fois, ce type est un grand monsieur. Après, je me suis pris le film dans la gueule comme à peu près n'importe qui qui n'était pas prévenu, rien de tellement choquant à vrai dire et au contraire , très très cohérent d'un point de vue thématique. Saluons alors d'emblée la maîtrise du réal car rien n'est laissé au hasard, le personnage principal systématiquement en retrait, sa relation avec sa petite amie, c'est du très grand art mais c'est aussi très périlleux car la part belle revient encore une fois beaucoup au non-dit, ce qui fait que j'ai pu lire ici ou là sur le Net un tas de conneries assez ahurissant sur le film, celle-ci remportant assez aisément la palme:

http://www.excessif.com/cinema/critique-eleve-libre-4708603-760.html

(toutefois si vous préférez vous faire votre idée par vous-même , alors  évitez ce lien et passez quelques paragraphes après lui )

car il n'a jamais été question de perversion et de tout le charabia sur la séduction des innocents, qui est un discours anachronique et c'est également ce que pointe le film. Evidemment il y a abus, abus et viol mais là où l'ambiguité du film devient pertinente c'est à travers le décorticage de la passivité extrême du héros, dans ce qu'elle a d'exemplaire en ce qui concerne la problématique du viol ( pour expliciter mon propos, j'aurais tendance à conseiller le film d'Abel Ferrara 'The addiction' ) et aussi d'emblématique par rapport aux générations d'aujourd'hui. Tous les personnages s'adressent au héros comme à un adulte, car c'est le but de leur soutien, et on le voit dans la relation de celui-ci avec sa petite amie, il en retient les modalités et la prestance ( pour rester poli; ce qui est bizarre c'est qu'elle est encore plus passive que lui ) en gros les formules qui marchent. La connotation sexuelle appuyée, l'abus, le détournement est employé ici à double-tranchant et avec brio, dans cet episode de sa vie, c'est toute sa vie future qui se joue également, initié par ce premier décalage vis à vis des institutions et des parcours ordinaires habituels, c'est aussi l'apprentissage de la vraie liberté, du droit de pouvoir véritablement se chercher, de la nécessité de remettre les choses en question, autant vis-à-vis de l'adversité que du soutien, le choix de devenir ou non ce que Sartre appellait un 'salaud existentiel', ou bien une pute. Mais de là à dire que le cercle des amis trentenaires sont des pervers sans limites, c'est franchir le pas un peu aisément, on ne peut dire que tout cela était planifié, que le personnage de Jonathan Zaccaï l'ai aidé dans le but de profiter de lui plus tard. Avec cette illusion que tout est donné, il y a contenue la leçon du bourreau qui sait se laver les mains, et l'idée que Jonas n'a pas su voir certains signes qu'il avait sous les yeux, l'implication réelle de certains engagements, omnubilé par son désir de connaissance et de réussite.

 

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