Oreille Rouge

Cet écrivain aime sa chambre, sa table, sa chaise, dans la pénombre : on l'envoie en Afrique où sont les lions, dans le soleil. Que va-t-il chercher là-bas ? Un grand poème, dit-il. Ou ne serait-ce pas plutôt l'inévitable récit de voyage que tant d'autres avant lui ont rapporté ? On l'a lu déjà, et relu. L'auteur va prétendre que des indigènes l'ont sacré roi de leur village. Il aura percé à jour les secrets des marabouts et appris de la bouche d'un griot vieux comme les pierres quelque interminable légende avec métamorphoses. Le pire est à craindre. Par bonheur, l'aventure tourne court. L'hippopotame se cache. L'Afrique curieusement ne semble guère fascinée par le courageux voyageur. En revanche, celui-ci prend des couleurs : est-ce le soleil ou la honte ? Nous l'appellerons Oreille rouge. ( sources : amazon.fr ) Alors ( 'alors y'a l'aîné.... ... lui qu'est comme un melon ...lui qu'à un gros nez ...lui qui sait plus son nom...' ) ,alors disons-le comme ça, Eric Chevillard est une des meilleures choses qui soient arrivées à la littérature française. Poursuivant une oeuvre singulière depuis 'La nébuleuse du crabe' et résidant permanent depuis des éditions de Minuit, le monsieur ne perd pas son temps et démolit ( faut savoir le faire ) tout ce qui reste futile, qui n'est pas vital. Le monsieur n'est pas dupe, et grâce à lui, nous non plus. J'avais entendu parler de lui car un ami m'avait parlé d'un de ses autres romans , 'Les absences du Capitaine Cook',je me suis ensuite procuré 'Le démarcheur' ,qui m'avait plutôt déstabilisé à cause de son ton inhabituel ( Chevillard, c'est vraiment plus fort que moi ), puis 'Le vaillant petit tailleur' que je vous recommande tous deux. Néanmoins , c'est avec 'Oreille rouge' que j'ai eu droit à mes plus fameux fous-rires du XXIe siècle, et c'est ce que je vous souhaite également.