On en parle plus alors reparlons-en ( 3 )

Larry Clark, à l’origine photographe reconnu, fait partie de ces artistes contemporains qui ont décidés de passer à la réalisation de films, comme le peintre Julian Schnabel ( ‘Basquiat’, ‘Le scaphandre et le papillon ‘ ) , et nous spectateurs du XXI e siècle pouvons nous estimer heureux car l’un cas comme l’autre ils excellent littéralement, et posent chacun un regard atypique sur notre époque. Schnabel par ses choix un peu particuliers, et Clark qui semble continuer sa démarche photographique pour le grand écran. On ne sait comment il rencontre le jeune Harmony Korin, âgé de 19 ans à l’époque, et décide d’adapter le premier scénario de celui-ci, et cela donnera ‘Kids’. Qui effectivement mérite amplement son etiquette de film perturbant ; le film suit le quotidien d’une bande de collégiens aux Etats-Unis, et dresse un panorama plus qu’inquiétant sur la jeunesse. Ils font déjà tout comme les grands : fument des gros joints, et ne pensent qu’à baiser. Y en a un tout particulièrement dont le kiff absolu c’est de se taper un max de pucelles. On est à la frontière du documentaire mais il s’agit en fait du cadre narratif que Clark pratique pour tous ses films, on est toujours dans le quotidien d'ou le récit ancre définitivement ses racines, l’histoire en émerge, et se préçise peu à peu depuis un tourbillon d’informations au premier abord. Les comédiens sont tous plus ou moins amateurs et c’est ce qui rend l'ensemble encore plus crédible. On ne sait pas exactement dans quelle mesure le tout est mis en scène, mais le propos est limpide autant qu’il est désespéré : c’est une forme de constat amer sur le problême de l’éducation et de la jeunesse, on ne sait pas d’ou ça vient ( que ce soit de l’inconscience totale ou un réel besoin de fuir le quotidien aussi bien que le fantasme commun de souvent , à cet âge, vouloir tout de suite être un adulte ) : ‘ regardez ce que ça donne quand on ne pose pas de limites ‘. Effectivement, Clark arrive à montrer quelque chose de difficilement montrable pour sa première réalisation : l’irresponsabilité la plus totale, source véritablement du chaos. La thématique principale de Clark est définitivement la transgression, et les circonstances de celle-ci. Ses personnages n’ont définitivement pas conscience des conséquences de leurs actes. Avec ‘Bully’, c’est une bande de jeunes ados qui pour finir s’unissent contre un de leurs potes, qu’ils connaissent tous à des degrés différents mais sous le même jour parce qu’il est simplement immonde avec chacun d’entre eux. Le film est à nouveau perturbant, en reprenant cette fois encore un autre affect de l’enfance: qui dans sa jeunesse n’a pas été le souffre-douleur de quelqu’un , et à quel moment a-t-il commencé à rendre les coups, s’il l’a fait un jour? On pourrait tout d’abord penser à un appel à la révolte pour la jeunesse en général ( est-elle encore capable de s’unir , et contre quoi ? ) aussi bien que pour l’individu en particulier ; mais Clark pose aussi d’autres questions tout aussi dérangeantes sur la légitimité des actes de ses personnages. Tout semblait concourir pour que effectivement il faille s’unir contre ce type, mais fallait-il le tuer pour autant ? Qui a cherché la nature de son propre comportement, si ce n’est qu’il était un ‘bully’, une petite frappe qui ne manquait jamais d’entériner un faible, peut-être parce que c'était la seule communication qu’il connaisse ( au vu du film, on peut penser qu’il reproduit le comportement de son père sur ses amis ). Quand le dialogue ou encore quand toute communication échoue, il y a des choses bien pires que la mort, on peut juste exclure. Clark interroge la société mais aussi ses modèles. Larry Clark travaille actuellement sur une relecture du mythe de Peter Pan ou (Blood of Pan ) à New York un ado rebelle, vagabond et séducteur incarnerait Peter tandis que Wendy serait accroc à la drogue. ( sources : Wikipédia )