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9 novembre 2007

Spirits of the dead

poster3

' Histoires extraordinaires'
(USA-1968)-American International Pictures-
121mn-couleurs.
Réal: Roger Vadim,Louis Malle, Federico Fellini d'après des histoires originales de Edgar Alan Poe.
Avec : Jane Fonda, Peter Fonda, Brigitte Bardot, Alain Delon, Terence Stamp.

En hommage également à Edgar Alan Poe, créateur à la fois du registre policier et fantastique avec sa nouvelle 'Le double assassinat de la Rue Morgue ', genres de prédilections de votre serviteur dont il sera souvent question sur ce blog, ' Spirits of the dead' est un magnifique petit tryptique d'histoires fantastiques réalisés par trois grands maitres du cinéma ,soutenus par une distribution impeccable. Je ne sais pas si le film a été un succès au box-office ,en tout cas il reste pour moi d'une teneur assez magistrale.

Le premier segment, ' Metzengerstein ' , réalisé par Roger Vadim avec Jane et Peter Fonda dans les rôles principaux, raconte l'histoire d'une jeune comtesse un peu trop comtesse justement, qui compense sa propre vacuité dans la débauche et les excés avec tous les avantages que lui procure son statut. Le film s'ouvre sur la vision de son propre cousin avec qui elle a coupé les ponts, mort dans la cour de château à elle, sous son propre balcon. Cette vision sera le mouvement initiateur d'un départ en villégiature pour elle et sa petite cour, ainsi que d'une tentative implicite de rapprochement, dont elle ne comprend pas à vrai dire les raisons, avec ce lointain parent auquel elle n'a toujours témoigné que du mépris. Ce qu'elle ne manquera pas de refaire au début de leurs retrouvailles, ce qui fera que le-dit cousin continue de l'ignorer proprement.Ce n'est qu'à cause d'un accident en forêt qu'ils sont amenés à se revoir et que le dit cousin ( Wilhem ) commence peu à peu à exercer sur la jeune comtesse volage( Frederica ) une influence qu'elle n'aurait pu soupçonner, en partie parce qu'il lui resiste, ce dont elle n'a pas l'habitude, et toutes ses débauches n'arrivent pas à le lui faire oublier. De rage, ele ordonne que l'on fasse brûler les étables de son cousin, celui-ci voulant délivrer ses montures , périt dans les flammes. Le soir même, un fougueux cheval encore brûlé par les flammes arrive à son château...
Roger Vadim nous dépeint tout à d'abord la vie de ses personnages dans leurs environnements, c'est pourquoi on tremble un peu au début du film de peur de s'ennuyer ,à voir l'eventail de la garde-robe de Jane Fonda ainsi exposée dans une esthétique proche du roman photo ,qui est malgré tout une des marques de sa griffe personnelle. Bien que les deux acteurs aient également fait l'effort d'interpréter leurs rôles en français, ils n'arrivent pas à habiter complètement les ruines qui sont le décor de cette histoire. Sentiment qui se dissipe bien vite quand l'histoire évolue, que les enjeux deviennent plus manifestes, distillée par une mise en scène effectivement subtile, bande-son qui prend le dessus sur les dialogues des personnages ,accompagnée de plan rapprochés, qui de façon presque théâtrale, n'en caractérise que mieux les personnages...Oui, finalement il n'en fallait pas plus.

histoires_extraordinaires2

Anecdote : ce serait durant ce tournage qu'aurait germé dans l'esprit de Peter Fonda les bases de ce qui allait devenir l'histoire intitulée 'Easy Rider '.

Le deuxième segment, 'William Wilson' est réalisé par Louis Malle, dont on dit qu'il n'aurait accepté cette commande qu'afin de réunir les fonds nécessaires pour tourner 'Le souffle au coeur ', ici avec Brigitte Bardot et Alain Delon. L'histoire est une déclinaison sur le thême du double,que la littérature fantastique jusqu'au Nouveau Roman ne cessera d'utiliser ( voir à ce propos également les très excellents romans de Julio Cortazar , 'Marelle ' et '62,maquette à monter ' ).Peu avant son suicide, un homme raconte à la confesse le meurtre de son double mystérieux , jumeau identique et éponyme, qu'il retrouve sur son chemin depuis l'enfance, qui s'avèrait être aussi bon et juste que lui pouvait être méchant et très méchant. Alain Delon impeccable dans ce double rôle, en prédateur sadique qui attend imperturbablement son heure.

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Troisième segment, 'Toby Dammit' réalisé par Federico Fellini avec Terence Stamp dans le rôle principal.
Boum. Attention modernité. Mis à part les femmes à fortes poitrines ici absentes, nous avons affaire à la quintescence de l'oeuvre de Fellini, un chromatisme unique qui vient comme toujours appuyer les mouvements de caméra à l'épaule qui ont peu à peu constitués l'écriture onirique qui fait la marque du maître; on oscille toujours entre rêve et réalité (et un aéroport ressemble déjà aux coulisses des plateau de télévision que l'on peut trouver dans le film 'Network ' ) adoptant le point de vue du personnage principal, alcoolique. A peine arrivé à Rome pour un rôle dans un western, parabole de la vie du Christ -on se demande si ce pitch n'aurait pas inspiré un certain mr Jodorowsky pour son mythique 'El Topo '-, en échange d'une Ferrari, le personnage n'en croit déjà pas ses yeux à voir des moines indiens effectuer leurs prières. Et qui donc est cette petite fille rousse vêtue de blanc accompagnée d'un ballon blanc ( apparition surnaturelle issue du cinéma japonais, que l'on retrouve encore maintenant jusque dans des films comme 'The ring' ) ? Qu'à cela ne tienne, Toby Dammit révélé par son interprétation de 'Hamlet' est accueilli comme un Dieu vivant, en témoigne l'interview qui précèdera la cérémonie de remise des récompenses ( qui ressemble à s'y méprendre à celui de Melville dans 'A bout de souffle' de Godard ), les caméras environnantes nous feraient presque penser à 'Solaris ' ou à des ambiances décrites dans 'Le meilleur des mondes', le personnage n'est au final qu'un rouage, un mécanisme de l'industrie, ce dont il commence peu à peu à prendre conscience. Malheureusement il est déjà trop tard, the show must go on....Dans la course effrénée qui va conduire Toby Dammit au volant de sa toute nouvelle Ferrari vers son funeste destin, dans ses accès de fureur dûe à sa propre errance reflétée,on se demande si Fellini n'a pas eu la tentation de l'orange mécanique.

histoires_extraordinaires1

Les films de la Nouvelle Vague nous ont habitués à des soit-disant variations pénibles sur le thême du passage difficile de l'enfance à l'âge adulte, les protagonistes de 'Spirits of the dead' n'auront même pas cette chance: tous aveuglés qu'ils sont par leurs passions ,marques de leur immaturité, ils refusent d'entrevoir même les signes et possibilités de leur redemption.

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