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images qui bougent
4 décembre 2007

Eastern promises

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' Le plus effrayant reste bien que chaque homme a ses raisons...'

F.Dostoievsky

Une jeune infirmière se retrouve avec l'enfant d'une jeune prostituée morte en couches ainsi que du journal intime de celle-ci ,d'origine russe elle aussi elle se met en devoir d'informer ce qu'elle croit être les proches de la jeune défunte,elle réalise progressivement que ceux-ci sont davantage concernés par l'existence du journal que par le sort de la jeune fille, celui-ci constituant en réalité une preuve des agissements maffieux de cette famille,mettant en lumière tout un réseau clandestin de proxénétisme...

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David Cronenberg semble bel et bien en avoir terminé avec le fantastique,après avoir mis tout le monde d'accord avec 'Naked lunch' libre adaptation du roman éponyme de William Burroughs réputé inadptable,il amorce une sorte de retour progressif à la réalité avec des films comme ' M Butterfly', 'Crash' dont le magnifique 'Spider' semble bien être le point de conclusion, et entame un nouveau cycle ,noir ,commencé avec ' A history of violence' et poursuivi avec ' Eastern promises' .Démarche comparable au parcours des frères Coen depuis 'Fargo' -ce qui en fait a toujours été leur registre de prédilection,on cite souvent 'Arizona junior' comme étant leur premier film sans tenir compte de l'excellent 'Sang pour sang'- et dont le réalisateur cite brièvement 'The barber' en ouverture de ce dernier.

Son nouvel axe de travail semble être dorénavant une réflexion sur la perception -ou la non perception justement- de cette soit-disant réductible réalité;sommes-nous si conscients de ce qui nous entoure ,et à chaques fois dans ces deux derniers long-métrages c'est un monde nouveau qui s'ouvre aux personnages,plus sombre ,plus cruel que ce qu'ils pensaient,traversé de violence et de crime dont a bien du mal à trouver les vestiges d'une quelconque humanité,relegué à l'ordre du souvenir -à reconstruire- :plus rien ne sera jamais pareil.

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Chaque récit est nappé de personnages secondaires, catalyseurs du récit principal -les deux tueurs professionnels sur la route au début de 'A history...' et le jeune voyou débutant et maladroit de ' Eastern...' - et alternative radicale par rapport au propos sous-jacent: ils font chaques fois emploi de la violence dans ce qu'elle a de plus cru et de plus abrupte à l'image même d'une banalisation toute cinématographique,et leur est systématiquement retournée avec la même force,ils ne réchappent pas de l'usage qu'ils en font;dans toute la suite des récits nous nous tenons en fait dans les prémices de l'irréparable ,la violence n'arrive que quand tout dialogue a échoué ,pour se protéger, ou empêcher l'abus et l'exploitation ,car c'est bien ce qu'elle recèle et ou elle va puiser une soit-disant légitimité et le droit de ne pas être remise en question.Les nouveaux récits de  David Cronenberg sont donc centrés sur le degré de perception de chacun par rapport à ce basculement d'une réalité à une autre, (selon l'univers d'ou il provient ou son degré de sensibilisation,d'expérience ,) et de ce que cela génère en conséquences aussi.

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Le cadre est ici celui de la mafia russe- loin d'archétypes 'respectables' comme cela a pu être le cas avec 'Le parrain' ou dans 'M le maudit' ou c'est d'abord la pègre qui trouve et juge le criminel avant la police- mais bel et bien comparable à une nation ,ou une royauté ,avec ses propres raisons d'états abusives,son quota de pertes négligeable,tentant non pas de racheter mais seulement de dissimuler ses propres travers à grands renforts de manipulation afin de maintenir une certaine impunité,apanage reservé à une caste d'élus privilégiés,symbolisé ici par les tattouages .Le corps et ses métamorphoses a toujours été un des axes principaux de Cronenberg,et comme l'a très justement pointé un critique de la revue ' Mad movies ',il y a dans 'Eastern...' un cheminement vers la nudité,la vraie nature de l'homme donc, et dans la mafia les tattouages témoignent de l'identité de l'homme qui les porte, de son cheminement ,bref le reflet de son âme; et il y a cette opposition entre le personnage de Vincent Cassel -excellent et qui semble s'en donner à coeur joie- qui lui, est quasiment né avec ses tattouages et qui pense n'avoir rien à prouver ,et Viggo Mortensen qui doit se hisser pour arriver au même rang ; on pense d'ailleurs à un passage des 'Affranchis' de Martin Scorcese ou une éxécution est bien souvent maquillée en intronisation. Le questionnement de la légitimité de la violence soulève celui du jugement: faut-il considérer quelqu'un selon sa fonction ou encore selon des apparences (- ou chacun s'arrange donc pour être dans son bon droit-), ou plutôt selon le sens réel de ses actes, et quel poids ont-ils réellement en face du devoir de mémoire envers les victimes.

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