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images qui bougent
14 décembre 2007

Mata-Hari

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L'année 1931 a vu apparaitre sur les écrans du monde entier deux évocations de la vie de Mata-Hari, l'une réalisée par Maurice FritzGeorge -éponyme, et qui nous interesse ici- avec Greta Garbo, l'autre de Joseph Von Sternberg avec Marlen Dietrich sous le titre ' Agent X-27' ( 'Dishonored') qui fût sa muse. Malentendu ou rivalité des producteurs, il semble que le destin tragique - et si touchant, à la fin -de la célèbre espionne aie été le terreau nourricier dans lequel l'imaginaire masculin de l'époque semble s'être cristallisé:
danseuse orientale, mangeuse d'hommes, ça alors, et pour finir, agent secret- décidément.
On est pas étonné dès lors du choix des actrices, deux stars emblématiques de l'époque, pour incarner un tel archétype devenue référence, troublante et vénéneuse à la fois - il y aura d'ailleurs également plus tard une version avec Jeanne Moreau ' Mata-Hari, agent H-21', puis encore une autre version avec Sylvia Kristel et on peut très bien voir dans le 'Nikita' de Luc Besson une allégorie du personnage, victime de son destin elle aussi - car la réalité du personnage semble, elle , avoir été toute autre.

Des témoignages plus contemporains la qualifient de piètre espionne,tout comme de bien piètre danseuse également,vers laquelle elle se serait tournée par hasard après un premier mariage catastrophique, ce qui lui aurait juste permis de mener un certain train de vie; elle aurait été en réalité manipulée par les services secrets qui l'aurait jetée en pâture à la foule en quelque sorte, qui ne voyait en elle qu'une effrontée courtisane, sous le pretexte de haute trahison,bien pratique ici ; et aussi victime de ses propres sentiments ,envers un officier qui la délaissa et la fit souffrir plus qu'autre chose, et vînt même témoigner contre elle à son procès. Elle refusa le bandeau au moment de l'éxécution et lança un dernier baiser aux soldats qui allaient la fusiller.

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Si le film de Von Sternberg est considéré comme davantage cinématographique, dû à une patte soit-disant plus prononçée de la part de son auteur, celui de FritzGeorge relève en réalité d'une facture toute classique simplement, nous ne sommes pas encore très loin du cinéma muet ( c'est en 1930 que 'Garbo entend pour la première fois sa voix' ) et à l'écran nous sommes encore proche du 'théâtre filmé ', il n'y a pas vraiment de cadrages malgré une très belle photographie mais plutôt une succession de plans fixes ( qui ne rend par ailleurs pas très bien compte du jeu des acteurs, la plupart du temps de profil ) avec un usage restreint de la profondeur de champ.
Scénaristiquement le film relate les trois derniers jours de Mata -Hari un peu comme le ferait une tragédie, prend ainsi quelques raccourcis biographiques, transcende radicalement la stature du personnage.
Effectivement, tout le début du film nous dépeint ni plus ni moins qu'une espionne au travail,dévoilant un sang froid inaltérable dans l'art de la manipulation ,utilisant toutes les faiblesses de caractère de ses proies afin de les mener ou elle veut, et qui conserve, de loin quelques aspects anodins de marivaudages. Ce serait occulter le contexte.
On pourrait penser que c'est le fait de s'humaniser qui l'a causée à sa perte, et à la vue de tous les stratagèmes qu'elle est obligée d'employer et tous les paramètres que son statut lui impose ( music-hall, mondanité ), on voit à quel point il lui est difficile de se livrer vraiment et ce que cela implique comme compromission. Dans les services secrets, on ne démissionne pas.
Et c'est en femme résolument amoureuse, un peu à l'image de certaines figures de la Resistance également, qu'elle ménagera son amant -ici aveugle suite à des blessures infligées au combat- quand à son propre sort; et le spectateur ne manquera pas d'y voir un personnage transfiguré, en paix avec la justice de ce monde.
On sait que Francis Ford Coppola travaille depuis des années à la mise en scène d'une nouvelle évocation de la vie de Mata-Hari avec sa fille Sofia dans le rôle principal, et qu'il filme avec elle depuis sa petite enfance les différents segments de cette grande oeuvre ,afin de montrer le personnage à différents âges de sa vie, et peut-être ainsi éclairer d'un jour autre les périodes encore troubles ou méconnues de celle-ci : son enfance, la ruine de ses parents, son premier mariage désastreux, l'arrivée dans le monde du music-hall et des renseignements.

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