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images qui bougent
4 mai 2008

Capitaine Achab

capitaine_achab_haut

Projet intéressant de la part du réalisateur français Philippe Ramoz de consacrer une fiction au passé, à la genèse du Capitaine Achab, le héros du 'Moby Dick de Melville,un peu comme le dessinateur Régis Loisel a pu en faire autant pour 'Peter Pan' en bande-dessinée.
Intéressant et quelque peu déstabilisant, d'un sujet romantique et baroque au possible, le réalisateur l'aborde détaché de tout lyrisme, qui donne à son film un côté fiction télévisuelle, avec des côtés d'intervalle fictionnalisé de certains documentaires.Et pourtant ça marche, la photographie évoque les films de Raul Ruiz,et on reste très près des personnages, des matières.
Ainsi les trois premières parties avant qu'Achab ne devienne Achab, auraient pu arriver à n'importe qui d'autre, l'histoire d'un jeune garçon dont la mère est morte en couches, n'ayant comme seul vestige d'elle qu'une vieille bible,et ou il finira par se trouver; marquant la transition et le changement d'interprète vers le personnage devenu adulte ,sous les traits de l'imposant Dennis Lavant.
Effectivement peut-être n'a-t-on pas besoin de voir ce qui lui valût sa légende de harponneur sanguinaire durant son jeune temps,ici le réalisateur aborde les premières années de son personnage de façon classique, partant du postulat que chez tout un chacun ,un individu deviendrait paraît-il ce qu'il sera durant ses six premières années.

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Le jeune garçon vit donc dans la forêt avec un père rude, chasseur et volage ( Jean -François Stevenin, impeccable ) et l'une des jeunes conquêtes de celui-ci, Louise, premier amour fondateur et constituant d'un certain rapport aux femmes pour le jeune homme, puisque celle-ci sera fatale pour son père; pour Achab, les femmes ne restent jamais très longtemps. La métaphore fondatrice du roman de Melville, entre la baleine et les femmes, l'angle de la sexualité est abordé assez frontalement par le réalisateur avec une ouverture de film qui ferait penser à 'L'origine du monde ' de Gustave Courbet, par le sexe de la mère morte que l'on recouvre. Louise sera un déclencheur, et la vieille tante au contraire un pont vers l'obscurantisme, reléguant la sexualité à un jeu d'ombres chinoises, dont le jeune Achab saura tirer parti afin de gagner sa liberté, en la liant à nouveau avec la mort.
Philippe Katerine,le nouveau mari de la tante, en état de grâce, lui aussi . Après une altercation avec deux bandits, il sera recueilli par un pêcheur qui le confiera au pasteur local, le père Mulligan qui nous décrit ( chaque partie nous est racontée par un personnage différent ) la période ou le jeune Achab oscillera entre le métier de la foi et celui de la mer, en ne faisant un choix, à nouveau, qu'à travers la révolte. La quatrième partie, nous montre Achab au sortir de son premier affrontement d'avec Moby Dick, recueilli et soigné par une blanchisseuse ( Dominique Blanc ), qui un temps réussira à le tenir loin de l'aventure de la mer, avant qu'Achab ne soit rappellé par son destin.La dernière partie reprend celle du film de John Huston ( - reprenant d'ailleurs quelques images de celui-ci - ), au chromatisme absolument somptueux d'ailleurs, avec Gregory Peck et une courte appparition d'Orson Welles , celle du dernier voyage du point de vue du maître-assistant Starbuck, reprenant l'épisode mémorable de la pièce clouée sur le mât, ou plus encore que dans le film de Ramoz on perçoit le côté fanatique et possédé du personnage, ou Achab draîne les foules, ou Achab sanctifie...

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L'interprétation de Lavant pose le personnage de façon plus nuancée,plus réaliste, donnant l'impression d'être une bombe perpétuellement prête à exploser, avant qu'il ne finisse par se jeter corps et âme dans la folie mystique qui le ronge. L'image du film le montrant debout sur l'horizon, ou l'on ne peut s'empêcher de penser aux vers du 'Bateau ivre ' de Rimbaud : 'O que ma quille éclate, o que j'aille à la mer.'

_aff

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