The End Of The World News

Voici ce que me sort Google Images en cherchant la couverture du livre d'Anthony Burgess.
Alors après il se peut que ce soit effectivement la fin du monde pour toute une génération.

C'est pas ça...

Non plus...

Ecrit en 1982, 'The end of the world news' (' Dernières nouvelles du monde' - Editions du Livre de Poche ) est une fresque assez étonnante datant de 1982 par le très prestigieux auteur de 'Orange mécanique', divisée en trois parties racontée en alternance; la première dans un futur proche ou un astéroide, baptisé Lynx, va emboutir notre planète, et raconte les décisions des gens informés du gouvernement américain de mettre au point assez rapidement une sorte de nouvelle arche de Noé, un vaisseau spatial qui emporterait l'élite de la société pour perpétuer la race humaine sur d'autres planètes, la seconde relate les derniers jours de Sigmund Freud dévoré par un cancer de la mâchoire au moment ou il s'expatrie en Angleterre face à la montée du IIIe reich, et qui passe en revue les moments importants de sa vie (la notoriété croissante de ses théories, l'abandon par ses disciples - chaque partie du roman possédant 'son propre Christ' ) trouvant finalement la solution de sa propre énigme à l'article de la mort; la troisième relatant la période de Trotsky à New-York peu avant la révolution russe de 1917, concue par moments comme un morceau d'opéra ( Burgess était d'abord compositeur ) qui donne à cette dernière des allures de comédie musicale assez déjantée, à moins que ce ne soit une référence à la partie chorale de l''Ulysse' de James Joyce, que l'on croise dans la partie consacrée à Freud, passablement énervé d'ailleurs.

On retrouve certaines thématiques propres à Burgess, plus dicrètes, comme les inventions langagières comme dans le livre 'Orange mécanique', et ou il me semble que l'action se situe déjà après que l'élite de la planète ne se soit enfuie vers les étoiles laissant notre planète à l'état de dépotoire, ce qui, je crois n'était pas préçisé dans le film de Stanley Kubrick. En ce qui concerne notre civilisation, du rapport de l'homme à sa conscience, le point de vue de l'auteur reste tout aussi pessimiste, dissimulé pourtant derrière un humour omniprésent, autre caractéristique méconnue de l'auteur ( je vous laisse découvrir à ce sujet 'Le testament de l'orange' , les derniers jours d'un professeur d'université , double de l'écrivain victime d'un succès plus que dangereux face à l'un de ses livres ,absolument mécompris.) En attendant rien dans le livre ne vient justifier la structure du récit, le lien entre ces trois histoires, si ce n'est qu'elles se répondent allégoriquement dans leur aspect 'charnières de l'histoire', en termes de révolutions : celle souhaitée et implorée par Trotsky ( et expliquée à son jeune fils par l'importance primordiale de l'esprit de synthèse -le même qui généra la peinture cubiste, à savoir essayer d'englober la réalité sous tous ses angles ), celle entamée par Freud à propos de l'inconscient et ce que celui-ci essaie de nous révéler sur nous-mêmes par le biais du rêve; chacune pour préparant un changement radical des mentalités pour une humanité nouvelle. Pourtant que valent ces péripéties de l'Histoire en face d'une autre, toute autre ,fictive mais ou la nature reprend ses droits ? Validant en quelques sorte l'adage du 'temps qui détruit tout', ou tout ce qui n'est pas vital ou de l'utilité la plus flagrante reste foulé du pied ( au diable le merveilleux donc ), ou les actes les plus beaux, les plus humains sont ceux qui restent définitivement exclus de ce que retient l'Histoire, que l'auteur inscrit néanmoins sous forme de fable, en guise peut-être d'alternative.

Si chacun sa propre apocalypse alors je vous conseille la lecture de 'Signal to noise' ( Titan Books ) de Neil Gaiman et Dave Mc Kean, dont j'ai parlé à l'ouverture de ce blog, seul ouvrage pratiquement des deux prestigieux auteurs à n'avoir pas été encore traduit, racontant les derniers jours d'un cinéaste reconnu, rongé lui aussi par le cancer, et l'élaboration du dernier script sur une éventuelle fin du monde annoncée, qu'il laisse en testament.