Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
images qui bougent
1 septembre 2008

Alack Sinner

5b9d2b7b46d47e77fc330c3986e6fd57_munoz234 Alors comme ça il paraîtrait qu'à 'Images qui bougent' on plaisante, on rigole, on fait semblant. Alors Alack Sinner. Les classiques, on les classifie, et après on ne les voit même plus, j'attire donc votre attention sur un des chefs-d'oeuvre de la bande-dessinée qui fit les beaux-jours de la revue 'A suivre...'( qui nous manque terriblement, mais alors terriblement) à savoir l'oeuvre de Munoz et Sampayo. Alack_Sinner (extrait de l'album 'Rencontres' ) Les aventures d'Alack Sinner commencent pourrait-on -dire de façon relativement conventionnelle, c'est ce qu'en tout cas le graphisme de Munoz laisse encore entendre, encore assez classique, mais déjà le ton montre que l'on est pas dans une énième série policière : le héros morfle méchamment, et se retrouve en butte à ses collègues ripoux. Il quitte la police ( 'Mémoires d'un privé' , le premier tome ); c'est avec 'Viet Blues' que Munoz commence à devenir Munoz et développe un trait plus fluide , un peu plus caricatural aussi et commence à surprendre avec son emploi véritablement sensuel et expressionniste des masses noires. Le personnage se développe et le contexte ( urbain la plupart du temps ) lui- même dans lequel il évolue devient un personnage à part entière presque du récit ( peu d'artistes à part le photographe Weegee, plus ou moins à la même époque que se déroulent les aventures deSinnner, ont aussi bien transcendés l'univers de la rue ), et un des points forts de la série grâce à l'osmose entre les deux auteurs qui font basculer le personnage dans un univers kaleidoscopique ( on pense quand même à l'influence du film de Wim Wenders 'Les ailes du désir' ) ou l'on entend les pensées de tous les personnages qui constituent le décor, par exemple qui viennent donner une épaisseur supplémentaire au récit, ou la misère humaine se déploie sous toutes ses facettes, dégorge des caniveaux; c'est donc comme presque toujours en art par souçis de réalisme presque que l'on entre dans l'onirisme et le poétique, à l'image de la vision dite 'totale' que souhaitaient des artistes comme Stéphane Mallarmé. Munoz et Sampayo explosent littéralement les cadres conventionnels de la narration qui culmine dans les albums 'Rencontres' et surtout, surtout 'Nicaragua', Alack Sinner est définitivement un anti-héros ( certains voient en lui également un autre modèle dans la création du fameux John Constantine -'Hellblazer' ) et autre point déterminant par rapport aux autres personnages de b.d : il vieillit, se retrouve père de famille et s'inscrit dans l'Histoire, comme Hugo Pratt laissera entendre une rencontre avec Butch Cassidy et le Kid dans la trajectoire de Corto Maltese, Sinner croisera Sinatra ( 'Rencontres'); et la dimension politique transparaît encore davantage dans 'Nicaragua' car pour les deux artistes , l'art n'est pas désengagé ni 'décontextualisé', il est Résistance, faisant de cet album le plus moderne de toute la série, un peu comme si Munoz et Sampayo avaient fait leur propre 'Guernica'.Cela reste la période d'age d'or pour les auteurs et le personnage, je ne connais pas les recueils suivants à partir de 1999 : 'Souvenirs d'un Privé';' La Fin d'un Voyage ' ; ' Histoires Privées ';'L'Affaire USA'. nng_images José Munoz fût l'élève de Alberto Breccia aux côtés d'Hugo Pratt. Difficile de dire plus. Il fit ses premières armes comme je l'ai dit dans un style relativement classique avant de s'orienter vers un style à la fois expressionniste et plus intimiste, subjectif en un mot, sans se départir du noir et blanc, qui influencera bon nombre des auteurs les plus intéressants que la b.d compte dans ses rangs, de Nicolas de Crécy à Baru et Bézian, de Dave Mc Kean à Frank Miller ( pour Sin City tout spécialement ) en passant par les premiers 'Biologic show ' de Al Columbia, ainsi que Keith Giffen qui à un moment donné était dans un tel état de fascination qu'on l'a accusé de plagiat.Alack Sinner n'aurait cependant pas été ce qu'il est devenu sans la collaboration très emphatique qui lia Munoz à son scénariste Carlos Sampayo. Tout ça pour dire que les succès récents de 'Persépolis', de 'Valse avec Bachir' et du collectif 'Peur(s ) du noir' vont je l'espère motiver des producteurs et, espérons-le , les auteurs afin que l'on puisse voir un jour le noir et blanc de Munoz allié encore une fois à la poésie narrative de Sampayo sur un grand écran. sinner
Publicité
Publicité
Commentaires
images qui bougent
Publicité
Archives
Publicité