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images qui bougent
4 décembre 2008

God told me to

godtoldmeto Il est incroyable de voir le temps qu'il peut s'écouler entre le moment ou on entend parler d'un film et celui ou l'on peut le voir vraiment. Sept ans pour visionner 'L'institut Benjamenta' des frères Quay ( merci à genoux au cinéma Nova ) et au moins quinze ans pour celui-ci depuis le jour ou j' ai lu le pitch du film de Larry Cohen dans le dictionnaire des films de 'Mad Movies' ( merci de la même façon ) - et ce pour ne jamais l'oublier depuis. De mémoire de Sigismund, j'avais rarement rencontré à l'époque pitch aussi intriguant, même '2001,...' sur le papier on peut pas vraiment savoir, et à part 'Se7en' bien entendu ; car ne vous y trompez pas c'est grâce à cette pugnacité d'adolescent rejeté par ses pairs que je me suis mis à dévorer les intitulés des programmes tv, des cinémathèques ainsi que des revues spécialisées à la recherche DU film absolu, que j'ai miraculeusement découvert bon nombre de perles incroyables – comme ce film de Jocelyn Moorhouse, 'Proof', avec Hugo Weaving ( le Mr Smith de la trilogie 'Matrix' ) et Russell Crowe que je n'avais pas reconnu puisqu'il n'avait pas joué encore dans 'The quick and the dead'; comme ça , juste en lisant le pitch, ouais ouais - et donc aussi -enfin- 'God told me to'. Voici un film qui mériterait bien son remake, et je me demande si effectivement ça interesserait quelqu'un comme David Fincher.On peut rêver. Proof_movie 'Une vague de criminalité inexpliquée déferle sur New York, des quidams anonymes sont tout à coup saisis d'on ne sait quelles pulsions qui leur font commettre des actes violents et extrêmes. A chaques fois qu'on les interroge, quand on le peut, car ils survivent rarement à leurs actes, le même discours revient sans cesse de la part de ces personnes disparates : ' Dieu m'a dit de le faire '. Autant vous dire ma crainte quand j'ai entendu parler du 'Phénomènes' de M.Night Shyamalan, je me suis dit 'ahçayest...encore un remake inavoué', ce qui n'est pas vraiment le cas non plus, mais tout de même une variation autour du même sujet, j'allais dire peut-être un peu plus politiquementcorrect que 'God told me to' ' , mais en fait non, les deux films se risquent à la polémique sur l'intégrisme sous toutes ses formes avec la même virulence, dans des contextes pour l'un comme pour l'autre assez difficiles. Au vu de la biblio de Larry Cohen on peut se demander si sa carrière n'a pas fait les frais de cette audace qu'est 'God told me to' qui est un grand grand film sous bien des aspects, et je ne sais pas ce qu'il faut avoir dans les yeux pour ne pas reconnaître en lui un grand réalisateur. D'un point de vue d'esthète ou passionnel, confort de lecture, etc... le montage du film est très efficace, afin de maintenir vivante chaques étapes du récit, on a affaire à un emploi dynamique des champs/contre-champs ainsi que des variations des echelles des plans ( à force de lire le blog du Dr Devo, 'Matière focale', je pensais pas que ça m'arriverait non plus un jour de dire ça,...décidément ) afin de nous rapprocher au mieux de la subjectivité du personnage principal, le flic qui enquête sur les meurtres et qui plus est, est quelqu'un de très pieux dont la foi se retrouve ici mise à l'épreuve, comme bien souvent certains héros des films de Martin Scorcese par exemple avec lequel on relèvera sur ce point une certaine proximité. godtoldme_2 Larry Cohen pose à chaque lieu son ambiance, avec des éclairages sobres mais raffinés, ou des compositions élaborées, photographiques presque, sans tomber dans la complaisance, et embraye directement dans la situation. Ses audaces ne s'arrêtent pas là, car le récit va bien vite bifurquer vers des pistes insoupçonnées : l'une plus urbaine avec la récupération des meurtres qui va donc diriger l'enquête dans les bas-fonds et permettre au réalisateur une incursion vers la blaxploitation, tout en restant étroitement mêlé au surnaturel, l'autre aspect, qui n'est pas sans rappeller 'The final programme' sorti trois ans plus tôt, ou les films d'Alejandro Jodorowsky, prétexte alors à des intermèdes science-fictionnesques -dans les flashbacks la plupart du temps - absolument somptueux et qui laissent envisager quels genre de films Cohen est manifestement capable de réaliser. Le film peut ne pas convaincre, mais en vérité je vous le dis, 'God told me to' porte en lui le cahier des charges des meilleurs films contemporains qui lui succèderont, achevant le psychédélisme par une approche frontale ( certains éléments en très gros plans pour appeler un chat un chat ) et s'attaquant à une problématique toujours d'actualité ( paranoia , fanatisme mêlé d'ésotérisme, bref tous les masques de haine censés dissimuler la peur de l'autre et de la différence ) et concluant son propos par un final qui renvoie au documentaire (- tout le monde est là on a oublié personne -) en ayant mêlé très habilement les pistes mystiques et surnaturelles à la subjectivité éprouvée d'un personnage qui ne demande qu'à croire. godtoldmeto_1
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