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images qui bougent
5 décembre 2008

glups.

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Il paraît selon certains habitués que 'Audition' , sorti en 1999, n'est pas le meilleur film de Takashi Miike, dont je ne connais pas vraiment le travail je dois bien l'avouer. Mick Garris, le producteur de la série 'Masters of horror' avait déclaré au NIFF dont il était l'invité il y a deux ans, qu'il avait avoué à Miike que 'Audition' était l'une des choses les plus insoutenables qu'il aie pu voir, ce à quoi Miike lui aurait répliqué ' que c'est tant mieux mais qu'il aurait voulu faire plus mal encore'; la suite vous la connaissez sans doute mieux que moi puisque l'épisode que Miike a tourné pour cette série a été censuré et qu'il n'est visible qu'en dvd.' Audition' est tout de même auréolé d'une certaine gloire, et il me tardait de savoir laquelle.

Un producteur de film dont l'épouse est morte il y a sept ans, accepte sous les conseils d'un ami réalisateur d'assister à un casting pour dénicher une nouvelle actrice, et peut-être la nouvelle femme de sa vie. D'abord réticent, il va finir par accepter  et se révèle profondément attiré par une jeune femme , qui va en fait l'attirer dans une horrible et sanglante spirale . audition_big La première chose qui s'impose c'est qu'effectivement Takashi Miike est un grand réalisateur, cela saute aux yeux une fois les jalons posés de son histoire, au moment ou on a le héros en plan fixe de dos, faisant sa vaisselle. A partir de là c'est le festival : des plans d'une sobriété incroyable, superbement composés et dont transparaît la rigueur: soumise à l'effet narratif, le déroulement du récit ( je pense à une autre scène ultérieure, celle ou le héros et son ami producteur sont sur un toit ou ce dernier joue au golf ) et d'ou les dialogues circulent avec une fluidité qui force le respect, et je ne vous parle même pas des éclairages, hyper-chromatiques à souhaits ( scène du restaurant hype, première rencontre du héros avec le prof de danse ); je dois dire que c'est dans la phase dite 'mélo encore classique' de son film que Miike m'aura vraiment impressionné, on est dans le cours de la vie, une certaine neutralité, mais tellement bien posée qu'elle en devient à force davantage que suspecte.Effet d'autant plus réussi lorsque l'on est dans l'appartement de la jeune fille, et ou l'on peut avoir un avant-goût de ce qui va nous sauter à la figure. ( Ceux qui comptent visionner le film peuvent s'arrêter ici; oui je sais je pourrais crypter mais là j'ai pas envie ). La force de 'Audition' réside dans le même renversement de registre que l'on a pu voir dans ' From dusk till dawn ( Une nuit en enfer )' et qui se situe dans le dernier quart du film, avant on est presque dans une série télé romantique, haut de gamme, grâce aux nuances dont je vous ai parlé. C'est dans ce dernier quart que Miike s'exprime vraiment, au moment ou il résoud une à une toutes les pistes laissées en suspend, par une séquence quasi-onirique qui en fait présente l'héroine, mais aussi les facettes cachées du héros, qui en bon père de famille, n'a pas moins quelques fantasmes, ce qui est assez bien vu. Miike se lâche donc, avec une série de plans enchaînés déjà plastiquement tous plus beaux les uns que les autres, et très pertinent d'un point de vue narratifs puisqu'il s'agit des brèches dans le récit auquel nous avons assistés, des choses dont le personnage principal n'avait pas tenus compte mais qu'il réalise une fois qu'il est trop tard. Boum chapeau bas respect, le spectacle peut commencer, et la gentille petite fille va révéler sa véritable nature.

auditionUK

'Audition' s'impose ainsi comme étant vraiment une référence en matière de construction, et c'est ce que j'en retire, car j'avoue ne pas avoir été surpris ou transcendé comme je l'aurais souhaité, quelque chose je ne sais pas quoi m'a laissé sur ma faim, mais par contre je ne peux que saluer le travail du réalisateur et ses intentions manifestes. J'ai évoqué Miike avec cette anecdote du NIFF, car l'impression qu'elle me laisse ne dénote absolument pas d'avec ce que je viens de voir, et on peut se faire une idée de ce que celui-ci pense de la mièvrerie hollywoodienne en règle générale, son dégoût est quasi-palpable lorsque l'on voit la main mutilée du type que la fille retient captif chez elle, et qui comme E.T aimerait bien rentrer maison, et surtout dans la confrontation finale ou l'on comprend les motivations de l'heroine - ' vous organisez des castings parce que vous ne pensez qu'à baiser' - opposant une volonté toute viscérale ( ..tsss, je m'étais bien promis de ne pas employer ce mot, ça me fait penser aux types d'ArtCancre qui répètent les critiques de 'MadMovies' sans les comprendre; bref les suites d'une enfance détruite ) à tous les stéréotypes romantiques servis à la pelle. La véritable tragédie se trouve d'ailleurs véritablement ici, c'est bien qu'elle s'en prend finalement à la mauvaise personne, le producteur n'ayant jamais réellement pensé leur relation sous cet aspect, un autre point que Miike n'oublie pas de clarifier : au moment de sa prise de conscience, celui-ci passe en revue mentalement l'enchaînement des circonstances qui l'ont menées là ou il est, et ce retour en arrière s'arrête à un moment bien prèçis, celui ou il accepte la proposition de son ami et collègue, organiser une audition, véritable pacte avec le diable, de vouloir badiner avec l'amour, le vrai, surtout si c'est celui-là qu'on cherche.

On peut peut-être se faire une idée des convictions de Miike , à ce sujet, qui tiennent elles aussi en un plan, lorsque le héros , dans tous ses états parce que la jeune fille a mis fin à leur week-end sans explication alors qu'elle venait de se donner à lui, et qu'il va voir son ami pour lui demander de l'aide, on aperçoit derrière lui un simple écriteau sur une porte, un sponsor peut-être, en tout cas, c'est écrit en gros dessus 'TIERRA', ce qui m'a immanquablement fait penser à un magnifique film de Julio Medem sur l'incommunicabilité entre les êtres n'est-ce pas, ou un homme qui sort de clinique psychiatrique arrive dans un petit village d'Espagne pour faire exterminateur dans des champs de cultivation, se retrouve tiraillé entre deux femmes du coin. L'une représentant un amour ethéré, idéal ( campée par la sublime Emma Suarez, mariée depuis au réalisateur ) et l'autre représentant le versant terrestre de l'amour ( interprétée par une brune incendiaire cette fois, dont je ne retrouve pas le nom ); mais ce n'est peut-être qu'un hasard.

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'Tierra' de Julio Medem

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Commentaires
P
"Audition" m'a tuer!
S
je l'aurais vu à l'époque, je sais pas, on m'aurait retrouvé en position foetale entre deux sièges...
M
Oui, je l'avais vu à l'époque au cinéma. Une belle claque !
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