Retour de comète (2 )

Je me souviens parfaitement d'avoir vu le 'Hulk' de Ang Lee et d'avoir eu l'intime conviction qu'il sera difficile de faire mieux après ça, mais qu'on ne pouvait attendre que du bon si c'est toujours lui qui reste aux commandes ( avec le Leader comme enemi, wow, aussi bon que 'Mars Attack' c'est certain..), n'ayant toujours pas vu le 2, ce qui me sidère malgré tout c'est qu'on cherche à nous faire oublier ce premier opus en étant apparemment loin du tiers du quart de celui-ci et de tout ce qu'il contient. Retour sur ce que le 'Hulk' d'Ang Lee a véritablement d'incroyable. Pour faire vite c'est d'abord un film généreux ( le chromatisme raffiné de la photographie clignote à vos yeux dès les premières images et s'avère juste impeccable du début à la fin ) ou rien n'est laissé au hasard, autrement dit abordé par un réalisateur digne de ce nom, proposant un film véritablement en tant qu'objet visuel pensé dans son ensemble et ce, jusque dans les génériques; et avec cela ,respectueux du matériau original,reprenant même la fameuse typographie des comics ( la 'meanwhile' , ça passe moins bien sur 'Astérix' ) et utilisant les split- screen ( images partagées à l'écran, inserts d'images dans l'image qui reprennent le séquencage comics en tant que tel, en en faisant un réel outil narratif ) non sans pertinence et qui plus est une bonne dose d'humour ( et oui à force d'avoir les cases on a fini par avoir la page toute entière ) ce qui aussi paraissait bien improbable, connaissant le sujet. Ensuite le véritable tour de force se poursuit au niveau du scénario et de la re-lecture du mythe, autorisons-nous un léger arrêt sur image avec l'image ci-dessous : je crois que même dans le comics et malgré certains story-arcs excellentissimes ( Peter David ), il me semble que JAMAIS personne n'a su révéler la fibre véritablement iconique du personnage aussi bien. Il me semble que cette image à elle seule témoigne d'un respect et d'une connaissance du personnage absolument impressionnante ( le parallèle avec le titan Atlas qui porte la voûte des cieux sur ses épaules, et en même temps dans ce contexte qui rejette le monde qui l'a fait naître reste une magnifique parabole en raccordant le personnage à des mythes plus fondateurs,vision qui n'est de plus, absolument pas imposée au spectateur ) à tel point que je m'étais demandé si elle n'était pas tout simplement fortuite ( ben oui ), ET... dans l'affrontement final ,c'est là que je réalise que je ne rêve pas ( quand le père se transforme en créature électrique comme si on avait maintenant affaire à Zeus en personne, rejouant alors le combat entre les Dieux de l'Olympe et les titans...quand même ), mais à vrai dire ça fait un moment, tant je finis par voir tous les piliers de la construction scénaristique s'aligner un par un. En effet, et c'est audacieux comme parti-pris, pour un premier opus, Ang Lee choisit de commencer par un angle méconnu du personnage, le fait qu'il ai été victime d' un père abusif. Cette thématique de la recherche du juste milieu face à l'autorité , du rapport entre la colère et le désir de vengeance face à l'injustice, de la culpabilité provoquée par la soumission qui d'années en années génère l'incapacité à faire face est admirablement développée et parachevée, s'avère un merveilleux plaidoyer, un peu plus nuancé que le tonitruant ' avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités' de SpiderMan; tout n'est pas toujours aussi simple. Quel talent, mais encore une fois , quelle générosité aussi... Non content d'ouvrir brillamment la franchise, il la cloisonne tout autant , il 'commet' ainsi quelques scènes flirtant avec humour avec plusieurs registres ( horrifique avec la nuit des caniches-mutants, téléfilm s.f cheap dans les couloirs d'Athéon ), nous offrant quelques ressorts inexploités comme et nous épargnant aussi de fait, qu'ils ne soient effectivement perpétrés dans une quelconque suite en tant que ressort principal. De même la rage intrinsèque du personnage est abordée avec beaucoup de distanciation également dans les scènes d'action, effectivement il cartonne quelques tanks, mais il ne fait pas que ça non plus. Il paraît que beaucoup de fans auraient préféré David Duchovny à la place d'Eric Bana et même d'Edward Norton. Celui-ci encore auréolé du personnage de Fox Mulder, et de son personnage d'écrivain déjanté de 'Kalifornication' nous rendrait certainement un personnage assez intéressant , en jouant probablement sur une corde méconnue ou peu mise en avant du héros, un type facilement irritable,en contraste avec ses allures d'intello et de mec sage, et c'est pour ça qu'on l'adore. Soit. Mais tirons notre chapeau quand-même au choix de casting pour les rôles principaux: Eric Bana s'y révèle un acteur de grande classe, interprétant avec nuances le personnage de quelqu'un qui a un passé et qui cherche à se construire, et Jennifer Connelly elle, irradie constamment l'écran ( parce que....), et la scène ou ils visitent ensemble la maison des parents Banner- lieu du trauma original - est juste une sommité au niveau des sentiments et du souçis apporté à leur relation, que Lee brosse avec sensibilité et brio. Jusqu'à la fin, ils resteront des amants tragiques comme les films de super-héros en ont jusqu'alors su nous en montrer bien peu.