Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
images qui bougent
28 septembre 2010

vingt-quatres heures de la vie d'une (jeune) femme, ' The girlfriend experience' de Steven Soderbergh

girlf_exp

Chelsea est escort-girl. Elle vit avec son petit ami Chris qui travaille comme coach dans une salle de sports. A travers des bribes de son journal nous suivons quelques instants de son quotidien.

Je me rappelle pourquoi j'aime bien les films de Steven Soderbergh, que je retrouve ici comme on l'aime: emphatique, préçis, inspiré, loin des mic-macs classy de la série des 'Ocean' -il était temps que ça s'arrête comme qui dirait- pour nous raconter le portrait d'une jeune femme de son temps, ce qui vous le découvrirez après visionnage, n'est pas une raison. Rares sont les cinéastes donc qui pratiquent encore du cinéma qui vous fait aimer le cinéma, rares sont les cinéastes aussi qui me donnent la sensation de véritablement assister à un 'roman visuel'. Pour les fans plus récents du réalisateur, pensez à la scène mythique entre Jennifer Lopez et Georges Clooney dans 'Out of sight' et vous aurez la texture de 'Girlfriend experience', pensez à l' élégance de la narration destructurée mais rigoureuse de 'The limey' et vous vous demandez vous-même à l'instant ce que vous attendez au juste.

Deux approches qui sont devenues avec le temps la marque de fabrique de Soderbergh qui nous le savons aime son métier, il ose le flou, l'abstraction pour insuffler à son récit ce que d'aucuns appelaient 'le temps sensible', et ainsi le film devient vivant autant que les personnages, ce sont les lumières de la ville entre-aperçues par la vitre d'un taxi, des moments fugaces, des moments de temps mort mais aussi de pleine conscience de soi; ensuite le réel reprend le dessus, la conversation, les silences, le temps des échanges, avec ce réel qui reprend le dessus c'est progressivement le cadre avec quelques zones d'ombre qui prennent quasi toute la place, avec les personnages qui en émergent, qui en font encore partie comme s'ils en étaient issus mais par pour longtemps, au plan suivant on quitte cette chaude intimité, ce ne sont plus que quelques bougies et ils sont ensuite juste là, déjà bien en face l'un de l'autre, ils vont se rejoindre bien autrement. Paradoxalement c'est quand les choses seront bien à leur places, cadrées, savamment composées que le vivant s'imposera vraiment, deviendra ce truc, là, entre les silences. Oui il y a certainement une éthique du flou et du net, de la caméra portée et de la caméra posée chez Soderbergh, ainsi que des échelles de plan utilisées pour mieux signifier la distance, le va-et-le vient entre le chaud et le froid, le vivant et le mort.

Et pour tout vous dire, Chelsea elle se pèle grave; tellement qu'elle est bien obligée de finir par s'en rendre compte, un peu comme les personnages des romans de Brett Easton Ellis qui ne savent pas vraiment d'où vient leur malaise, Soderbergh ose même un moment le parallèle en reprenant la tendance énumérative de l'auteur ( sur-magnifiée dans 'American Psycho' ) quand Chelsea énonce ce qu'elle porte, ce sont ses 'outils de travail' et c'est peut-être parfois tout ce qu'il reste à dire, tandis que les clients se débarassent de leurs problèmes ou de leur mauvaise conscience en même temps qu'ils se déshabillent. C'est aussi dans ces moments-là pourtant que parfois Chelsea apprend d'autres choses, ce que les autres savent, ce dont les autres parlent pendant que elle a son bussiness à faire tourner, et c'est parfois tout ce qui lui reste vraiment, valant ce que ça vaut. A elle comme à nous de faire le tri au milieu de tout ça ( entre les hommes qui le sont trop et ceux qui ne le sont pas assez : le final relève brillamment cette notion du chemin à parcourir, puisqu'il n'est pas question d'autre chose que de la poursuite du bonheur, doublé d'une réflexion sur le don de soi ) car Soderbergh livre son portrait de façon kaleidoscopique, entrecoupée de conversations qui ne prennent leur importance que bien plus tard, dans les actions qu'elles auront aidées à susciter. Soderbergh écrit véritablement à la caméra et nous tombe son sujet les doigts dans le nez tandis que certains de ses contemporains n'ont toujours pas regardés 'La maman et la putain' - ou se demandent encore comment aborder le sujet.

Publicité
Publicité
Commentaires
S
là encore j'ai envie de dire :<br /> quelle bande de nazes....<br /> <br /> pourquoi ils encensent des merdes et saccagent des films qui parlent de qq chose ? <br /> <br /> à ce stade ça devient suspect...
E
ah oui, clairement, ce film s'est fait descendre par la presse...
S
j'ai envie de dire :le film est tout entier consacré à son récit, y a pas de bavardage, pas de trucs inutiles, et paradoxalement, il est beaucoup question de distance, ça peut surprendre...mais pour moi le film confirme surtout que Soderbergh est en pleine voie de guérison..<br /> <br /> je savais pas que la critique l'avait démoli, mais si ce sont les mêmes qui ont aimés la série des 'Ocean's ', c'est normal...
E
voilà une analyse intéressant même si je n'ai pas vu ce film qui a tout de même attiré les foudres de la critique... A voir donc...
images qui bougent
Publicité
Archives
Publicité